Le cancer : ar C'hrign-bev

Bonjour,

Comme beaucoup de gens, je pense, je croyais que le mot breton Krign-bev, désignant le cancer, était un néologisme récent.

Or, en mettant en page la fête du 4 janvier, dans le Buez ar Zent, consacrée à Ste Angèle de Foligno, j'ai été surpris de trouver, à la fin de la "kentel" / Leçon (de morale), cette observation :

"Ar pec'hejou nac'het a zo ken alïes a brenv a grign ar galon, ken alies a ven-milin a wask ar penn. Perak chom dindan ar bec'h-ze, p'eo ken êz da zizamman ? Perak chom gant ar c'hrign-bev-ze, p'eo ken êz-all 'n em zizober dioutan ?"

Les péchés non avoués sont autant que la vermine qui ronge le coeur, autant qu'une meule qui opresse la tête. Pourquoi demeurer sous ce poids, quand il est si aisé de s'en décharger ? Pourquoi rester avec ce cancer, quand il est tout aussi facile de s'en défaire ?"

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NB : Cette leçon expose les vertus de la confession. Ne pas oublier qu'il s'agit d'un livre religieux.

Aujourd'hui, on ne se confesse plus. On va voir des psys, et en plus, on paye !

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Autrement dit, le mot krign-bev = le rongeur de vie, pour le mot cancer, est loin d'être un néologisme.

http://marikavel.org/documents/buhez-ar-zent/baz-21.htm

JC Even

Le mot cancer est la traduction latine du mot grec karkínos, qui désigne un crabe mais qu'Aristote emploie aussi pour parler de la maladie parce qu'elle "ronge le patient de l'intérieur".
Sous réserve qu'Aristote n'ait pas repris une comparaison déjà ancienne, depuis 2500 ans, le mot est passé d'une langue à l'autre par traduction.

En sus de krign-bev (Krign-béù) ;
Malitouch (m.) pe Malatouch (f.) pe Maltous (m.) est employé pour désigner le cancer en vannetais.
Le mot désigne aussi le chancre et la gangrène.

Le BAV ne le donne pourtant que dans la partie Breton-Français avec le sens de cancer de peau.

K.

Supplément vannetais de Le Goff:
Donné comme bas-vannetais: balatouz f. cancer; balatouzek, cancéreux. V. malatouch (page 5a)

Ernault:
malatouch, maratous, f. cancer (p. 153a, DBF du dial. de Vannes)

M. Herrieu: cancer:..., malitouch [ne précise pas le genre]

GIB de Roparz Hemon, p. 1855: male-toüich, ar maletouich "cancer" (dict. de Grégoire de Rostrenen), malitouche (m.) "chancre" [cf. kankr, cancer, crabe] [dict. de Cillart, = L'Armerye]

Les Anciens (Grég. et Cillart) donnent le mot comme masculin, les Modernes comme féminin.
Ce qui me surprend, c'est que je ne trouve pas trace sur le net d'un "male-touche" roman, pour cet emprunt manifeste (?) du breton (vannetais?) au parlers romans d'oïl (?).
gg

Cela vient d'une ancienne conception, qui est déjà avérée pendant l'Antiquité, qu'il ne faut pas toucher la tumeur si on ne veut pas stimuler sa croissance:
NE ME TOUCHE PAS, cet autre nom du cancer ''Noli me tangere'', en français ''Ne me touche pas''.