Le mot
kampèch ['kãmpɛʃ] est attesté en breton depuis 1932 dans le dictionnaire de François Vallée. Il s'agit d'un emprunt transparent au mot français
campêche, de même sens. La date relativement récente de l'emprunt explique probablement la présence du son [ɛ] post-tonique, alors que dans la plupart des dialectes bretons il est plus naturel de prononcer [ə] en cette position. Le campêche est un arbre qui tient son nom de la ville mexicaine de Campeche, d'où il était exporté vers l'Europe. Il est principalement utilisé pour sa sève tinctoriale de couleur rouge vif. Mais son usage pharmaceutique a donné lieu en breton à une très curieuse dérive sémantique.
En effet, j'ai rencontré ce mot en transcrivant un enregistrement issu de l'enquête ethnologique mené à Cléden-Poher par Christiane Ferr :
- Citation :
- – Ah ya… Petra lare (a)n dud ma vis(e) fall ar jistr just-walc'h ?
(...)
- Vis(e) laret deus ar jistr. Petra ? Ur bann'h-kampèch vis(e) digasset d'ond amañ
– Ur bann'h kampèch ?
- Ya.
– Kampèch so jistr fall ?
- Ya !
Je suppose que la décoction de campêche n'a pas très bon goût, d'où ce sens inattendu de
mauvais cidre pour le
kampèch breton.