Ne pourrait-on ici ouvrir un fil consacré aux archaïsmes supposés dans les formes dialectales bretonnes?
- Citation :
- Chez moi, j'ai entendu: "Ouzh (out) e gaout on bet". Il s'emblerait que la prononciation de out pour ouzh vienne de l'ancien breton. Qu'en pensez vous?
Pour ma part, je suis intrigué par ceci, que j'ai déjà publié sur le forum "breton populaire":
Parler de Pleyben – Brasparts (?).
Pierre-Jean Motreff (Pleyben, 1899 – Brasparts, †1988).
Mutation irrégulière g > k:
- a koulenne (Benedik Kalve, disque "a bouez-penn", 1979)
- dac'h koulenn añ loja (= pour demander le gîte / pour demander à lui le gîte?) (pa yin-me da zoudard = son ar martolod, disques "50 ans…", 2007 & "a bouez-penn", 1979)
- va mamm koulenn ganin-me (pa oa digor't ar paper, disque"a bouez-penn", 1979)
Mutation non faite:
- va kalon (alors que L. Ropars prononce régulièrement: ma c'halon) (ar zerjant major, disque "deut da zansal", 1972)
C'h prononcé k:
- koaz (= c'hoazh) (son da zoueti ar blavez mad, disque "deut da zansal", 1972) [cf. bizhkoazh, àrc'hoazh]
Rhotacismes:
- an treber (= an trebez)
- didalver (= didalvez)
Divers (son da zoueti ar blavez mad, disque "deut da zansal", 1972):
erreurs de transcription: "Bet on bet tioueti 'r blaiez mad"
est à corriger (je pense): "bet on bet da heta(ñ) ar blaiez (= bloawezh) mad".
Hetañ = souhaiter, ti = da (?) (sandhi) + weta (= hetañ ?). Soueti est un emprunt au français absent du texte chanté transcrit.
"me oar skrivi ha lenn / O ya mired deuz ar beleg da lar'd e overenn"
o ya est prononcé "wiya" par PJ M. Probablement à comprendre: me 'oar…, (me) 'ouia…
La qualité du breton de PJ Motreff est extraordinaire.
Celle Loeiz Ropars – un maître pourtant, plus jeune de 22 ans, mais à l'écoute, je ne pense pas que le breton soit sa langue maternelle – fait pâle figure à côté (sandhi z + d > st non fait, rimes et nombre de pieds non respectés – embêtant pour un danseur hors-pair! -).
da lar'd dei kenavo;
Hi, pa welas ahanon,
A gomañsas gouelo.
PJ Motreff prononce "ahano". [en gallois parlé moderne: ohono i]
Da / lar'd / de / i / ke / na / vo
Hi / pa / we / las / a / ha / no (= ac'hanon)
A / go / mañ / sas / gou / e / lo
Ecrit sur le livret (disque "50 ans…"):
'Weled e vuia-karet ba' toull dor ar maro
Prononcé par PJ Motreff:
Gwe / led / e / vui / a / -ka / ret
A / -bar / toull / dor / ar / ma / ro
(7+7 = 14 pieds)
Gweled e vuia-karet
A-barz toull dor ar maro
Prononcé bancalement par Loeiz Ropars:
E / toull / dor / ar / ma / ro (6 pieds)
E toull dor ar maro
PJ Motreff était aussi un conteur. A-t-il été enregistré?
gg
Et ceci, toujours sur "breton populaire":
PJ Motreff "a commencé à chanter en "public" à 11 ans, en 1910 donc, avec sa mère, une journalière. Son père était maçon, il a donc fait aussi maçon jusqu'en 1937, puis agriculteur dans la commune voisine (Brasparts) de sa commune natale (Pleyben) jusqu'à sa retraite en 1965. Je ne sais s'il est allé à la guerre 14-18 (peut-être moins longtemps que d'autres?). De tous ces éléments, on peut déduire qu'il était un excellent bretonnant de son terroir.
heta est hetaff en moyen breton. PJ Motreff prononce bien "betiwétarbl-"
De plus, remarquer:
Gweled e vuia-k
aret
A-b
arz toull dor
ar m
aro
gg
et par ceci:
- aset = assez (à l'est et au sud de Vannes)
qui pourrait venir (directement?) d'un bas latin *adsatis (= beaucoup), avec prononciation du t conservée (pas d'influence du français ancien ou moderne)
- dourant (même localisation, = durant), même phénomène?
- atoud = aussi, français itou.
Problème de l'intégration de très bonne heure (dès l'immigration?) de mots bas latins ou romans anciens dans le breton parlé dans la région de Vannes (très romanisée?) et conservés tels quels dans les parlers locaux.
- "douar" prononcé "daowar" vers Châteauneuf du Faou à mettre en regard avec la forme écrite du mot gallois de même sens "daear".
gg