La pénétration du christianisme dans le monde celtique

Bonjour,

Je place ici ce sujet qui taraude beaucoup de nos compatriotes, tant du continent gaulois que des îles britanniques.

Il s'agit, ici, d'un aspect purement et seulement historique, en dehors de toute obédience ou de prosélytisme, ni en pour, ni en contre, d'aucune religion ou pensée philosophique que ce soit.

Je propose aussi que nous évitions d'y introduire les thèmes fabuleux et autres légendes arthuriennes et graaliques, lesquels, en l'absence de preuves écrites ou archéologiques, n'ont strictement rien à voir avec l'Histoire proprement dite.

Ainsi, je pense qu'on peut caler la période entre l'arrivée de certains apôtres du Christ à Rome, soit à l'époque de Claude, ou de Néron, jusqu'à Théodose Ier qui, en 392, décrète que la religion chrétienne sera désormais la seule religion d'Etat reconnue par l'empire romain.

Il est souhaitable, bien entendu, que les intervenants citent leurs sources, de façon à ce que les autres puissent comprendre la valeur des extraits dans leur contexte complet.

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Ainsi, pour commencer, je donne comme exemple l'ouvrage de Jean Daniélou : l'Eglise des premiers temps, des origines à la fin du IIIè siècle. collection Histoire. Editions du Seuil. 1963 / 1985.

La carte présentée en page 326/327, milieu du IIIè siècle, nous donne comme points chrétiens reconnus en Gaules : Arles, Narbonne, Toulouse, Vienne, Lyon, Lutèce, Reims, Trèves.

Aucun centre dans l'Armorique globale (celle de Rouen), ni en G.Bretagne, ni en Irlande.

Les cas des exécutions d'Alban, Julius, et Aaron, en GB, ne sont que des cas isolés, ne permettant pas de définir l'existence de centres de propagations chrétiens ni à Caerleon, ni à Verulamnium (St Alban's).

La pénétration s'est donc faite, à partir des rivages de la Méditerranée, par la vallée du Rhône.

Sur cette même carte, à part Toulouse, l'Aquitaine est également vide de centres chrétiens.

En Espagne, l'auteur cite : Tarragone, Saragosse, Mérida, Astorga.




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JCE

Pour ce qui concerne la G. Bretagne romaine :

John Wacher : The Coming of Rome. Paladin Book. Granada Publishing. 1979. 1981

- p. 230 : "Among eastern cults mention should also be made of Christianity, which after AD 313 became a permitted religion. Before that date, however, it is evidence in literary sources for its practice in Britain during the third century, to which date probably date probably also belong the Manchester and Cirencester acrostics, with their concealed Christian meaning".

traduction JCE :

- "Parmi les cultes orientaux il est possible aussi de mentionner le christianisme, qui devint religion autorisée à partir de 313. Avant cette date, cependant, il est clair selon des sources littéraires qu'il était pratiqué en G. Bretagne au IIIè siècle, auquel remonte aussi probablement les acrostiches de Manchester et de Cirencester, avec leur signification chrétienne".

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JCE

En littérature, voici des liens que je complèterai au fur et à mesure. Ils ne sont donnés que pour références, sans caractère péremptoire. A chacun d'en extraire ce qu'il désire.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1913_num_4_22_2075


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JCE

Pour Arles, voici une page sur la nécropole des Alyscamps :

http://marikavel.org/france/provence/arles/bourrilly-p26.htm

Utiliser les icônes des gardians, à droite ou à gauche, pour remonter ou des cendre les pages.

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JCE

Topographie chrétienne des cités de la Gaule, des origines au milieu du VIIIè siècle. Volume VII : Narbonensis Prima. Editions De Boccard. 1989.

article signé de Paul-Albert Février, p. 13 :

Les sièges épiscopaux :

Les origines du christianisme en Narbonnaise Première sont très mal connues. Toulouse et Narbonne peuvent se prévaloir l'une et l'autre d'un martyr, respectivement Saturninus et Paulus, dont les traditions ultérieures ont fait des évêques; mais nous ne pouvons pas nous faire une idée précise de la diffusion des communautés chrétiennes au IVè siècle. En effet, Narbonne n'offre pas de nom d'évêque avant 417; des conciles ont eu lieu à Béziers et à Nîmes en 356 et 394/396, ce qui suggère qu'il y avait là un évêque; mais le hasard de la conservation des sources fait que nous ignorons leurs noms. Par contre, nous savons que l'évêque de Toulouse de 356 s'appelait Rhodanius. Pour certains sièges -Nîmes, Lodève-, les premiers noms apparaissent lors du concile d'Agde de 506 et pourtant, dès 421, une lettre pontificale atteste l'existence d'un évêque à Lodève. Aussi les évêchés qui sont connus seulement en 506 peuvent-ils être plus anciens.

Les documents archéologiques ne sont pas plus précis. Tout au plus les sarcophages trouvés à Nîmes et à Narbonne attestent-ils la conversion d'une partie de l'élite municipale dans le cours du IVè siècle".

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JCE

Henri-Irénée Marrou : l'Eglise de l'Antiquité tardive. 303-604. Collection histoire. Editions du Seuil. 1985.

p. 11 : "Géographiquement le christianisme est avant tout un phénomène méditerranéen. Aux alentours de l'an 300, il a pratiquement recouvert tout l'Empire jusque dans ses provinces les plus lointaines : au concile d'Arles en 314 assistent trois évêques de Grande-Bretagne dont ceux de Londres et York ..."

JCE

Pour la G. Bretagne :

A. Rivoallan : Présence des Celtes. Nouvelle librairie celtique. Paris. (vers 1960 ?)

p. 77.

1. LA CONVERSION DU MONDE CELTE.

On a dit parfois que le monde celte avait passé presque sans transition du paganisme au christianisme : vue juste dans l'ensemble, mais qu'il sied d'accompagner de quelques réserves. Dire que la religion des druides menait droit à celle du Christ serait faire trop bon marché des traits de cruauté qui marquaient, aussi bien que tout autre, le paganisme des Celtes, dont un rite constant comportait des sacrifices humains. Les instincts violents des guerriers ne trouvaient aucun frein dans leur espoir d'une vie future qui, bien au contraire, devait perpétuer leurs plus furieuses passions. Jusque dans la légende arthurienne s'étale la pratique barbare de la tête coupée, preuve de victoire irréfutable, trophée de guerre qui arrache l'admiration des nobles dames. Enfin, s'il est vrai que certains druides ne mirent pas grand obstacle à la propagation de la nouvelle foi, on ne pouvait tout de même pas demander à la caste sacerdotale de se laisser sans réagir dépouiller d'un pouvoir dont nous avons mesuré l'immense étendue.

On possède en réalité fort peu de données historiques sur la conversion de l'île de Bretagne avant l'invasion saxonne, et pourtant le fait est qu'à l'antagonisme des deux races se superposait déjà l'antagonisme des religions. Peut-être faut-il chercher les introducteurs de l'Evangile parmi les fonctionnaires et les soldats de Rome, que la routine des relèves et des mutations mettait en contact avec un monde pénétré des idées nouvelles. Gildas, qu'il est aussi difficile de contrôler que de croire sur parole, étant donnés ses éclatants partis-pris, parle de martyrs bretons : quelques-uns sont devenus des saints, comme cet Âlban dont le nom (St. Albans) a supplanté au lieu de son supplice l'antique Verulam."
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Partie soulignée par moi-même

JCE

Pour les Gaules :

http://www.guidecasa.com/bibliotheque/texte36.htm

dont extrait :

Le premier témoignage d'une présence chrétienne en Gaule remonte à 177 lorsque des chrétiens de Lyon écrivent à des coreligionnaires d'Asie à l'époque des persécutions (175-180). Ils ont été, semble?t?il, dénoncés à l'empereur par les riches commerçants de la ville souhaitant faire preuve de zèle vis-à-vis de Rome; ils seront martyrisés dans l'amphithéâtre des deux Gaules. Le nombre des martyrs fut réduit car la Gaule était encore fort peu christianisée.

Le premier évêque de Lyon, Irénée, est originaire de Smyrne, (les premiers chrétiens de Gaule avaient été convertis par des chrétiens d'Asie Mineure). Il écrit en grec La Recherche et renversement de la fausse connaissance et meurt avec ces premiers chrétiens en 177 (c'est lui qui est représenté sur l'une des poutres de l'église d'Assy).

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JCE

Pour Lyon,

se référer au martyre de St Pothin et de Ste Blandine, et de leurs compagnons, en 177.

St Irénée a succédé à Pothin, et a été martyrisé lui-même en 202.

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C'est probablement pour la défense de Irénée et des autres chrétiens de Lyon que Tertullien a évoqué, dans son texte Ad Scapulam (à Scapula) :

"Avez-vous jamais trouvé cependant des Albinus, des Niger, des Cassius parmi les Chrétiens ?"

http://www.tertullian.org/french/g2_14_ad_scapulam.htm

propos critiqués par Ernest Renan, dans Marc Aurèle ou la fin du monde antique.

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Ceci permet néanmoins d'accepter l'existence d'un foyer chrétien à Lyon, mais sans plus, pour cette période.

JCE

Pour la G. Bretagne :

Alban : premier martyr de (G)Bretagne, à Verulamnium (St Alban's), vers 283 selon ASC/Parker, vers 286 selon ASC/Laud.

Fêté le 22 mars. Il est l'éponyme de Saint Alban's (ancienne capitale tribale des Catuvellauni, nord-ouest de Londres), de Saint-Alban, près de Saint Brieuc.

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Aaron : l'un des premiers martyres chrétiens de l'Île de Bretagne, à Cair Legion (Caerleon ou Chester ?); sous Maximien Hercule; une église lui aurait été dédiée en cette ville (cf. Lewis Thorpe, GM / HRB, index p. 291) (cf.Geoffroy de Monmouth. HRB, 131, 226).

Julius : l'un des premiers martyres chrétiens de l'Ile de Bretagne, à Cair Legion (Caerléon ou Chester), en même temps qu'Aaron..

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JCE

voici un article signé de Ralph MERRIFIELD. dans Roman Britain; 55 bc - ad 409. Historical Times Inc. 1983.

p. 57 :

Christianity

Mithraism had much to offer, at least to an elite in the male half of the community, but a greater rival, with a more universal appeal, had also corne out of the east, and was destined to prevail. Christianity was probably introduced into Britain at an early date, but as an underground movement on which officialdom frowned. The Romans, as we have seen, were supremely tolerant in religious matters, and had no difficulty in welcoming a new god as yet another manifestation of their familiar deities. The Christians, however, claimed that theirs was the only god, and refused to take an oath that paid divine honours to the Emperor. This led to the treatment of the early Church as a subversive organisation, and it could only survive in secrecy. There is therefore little evidence of its presence in the first two centuries of the Roman occupation. A mysterious acrostic of an appar-ently meaningless Latin sentence, scratched on wall-plaster at Cirencester, however, bears witness to both the existence and the secrecy of Christians in 2nd or 3rd Century Britain. It has been shown that the letters can be rearranged to form a different acrostic in the form of a cross, of which each bar forms the word PATERNOSTER, with an A and an O (Alpha and Omega) at each end. There seems no doubt that it was a secret Christian symbol.

Britain's first martyr, St Alban, suffered death at VERULAMIUM, in all probability by the orders of Geta Caesar in 208-9 A.D., rather than a century later under Diocletian as stated by Bede. Both history and archaeology suggest that better times had come for the Christians in Britain in the early 4th Century, when the western Empire was ruled by the Caesar Constantius Chlorus, who seems to have been favourably disposed towards them. His first wife Helena was a devout Christian, at least in her old age, and their son Constantine was to favour Christianity throughout his reign. The legions in Britain took a decisive step towards the Christianisation of the empire when they declared Constantine Emperor at York on the death of his father there in 306 A.D.
The archaeological evidence for destruction or crisis in the Mithmea early in the 4th Century is a clear indication of the political ascendancy of Christianity in Britain well in advance of most of the empire. The London temple seems to have received an abortive attack in which the marble head of the principal cuit figure was broken, and this gave warning to the Mithraists in time for them to bury their more precious works of art imported marble. The remaining limestone sculptures were broken up and dragged out of the building, which was not itself destroyed, however and, rather surprisingly, was soon in use again as a pagan temple. It was evidently under new management, since the hidden sculptures were not re-trieved, and was perhaps no longer a Mithraeum.

On Hadrian's Wall the Mithraea at Rudchester, Carrawburgh and Housesteads were similarly desecrated, clearly on official orders, early in the 4th Century, and were subsequently left derelict. There is little doubt that these attacks were instigated by the Christians, who had a particular hatred for Mithraism, because many of its rites — for example baptism by water and a communion feast — were very much like their own, and seemed to them a blasphemous parody of Christian sacraments.

Some Christians of the 3rd and early 4th Centuries in Britain were clearly rich and therefore influential people, as is shown by the valuable silver vessels and votive plaques, apparently of this period, that were dedicated at a Christian shrine by Publianus, Innocentia, Viventia and Anicilla. These were found in 1975 at DUROBRIVAE (Water Newton), a small Roman town near Peterborough. Yet the burial of this hoard is itself evidence that the Christian Church still had its troubles, and that its wealth at least was under threat. It seems more likely, however, that the danger came from the piratical raids of the later 4th Century or casual crime at a somewhat earlier date than from any official action.

The Church in Britain had emerged from the shadows as a fully organised body by 314 A.D., when three British bishops attended a council at Arles. We know of only one probable church of the 4th Century, however, a small apsidal building at Silchester, with a structure that may be a baptistry outside it. There are also traces of a timber-framed church at Richborough, but this is likely to be of the 5th Century. Evidence of Christianity is more definite in a few of the villas; at Hinton St Mary there was a fine mosaic that seems to represent Christ himself as a young man with a Chi-Rho monogram behind his head, and at Lullingstone in Kent a room used as a chapel had Chi-Rho monograms and praying figures painted on its walls.

Paganism was still flourishing, however, and its temples continued to be built well after 350 A.D. A hill-top temple to the British god Nodens, for example, was built at Lydney overlooking the River Severn after 364 A.D. and the temple at Maiden Castle was not built before 379 A.D. Some long-established pagan sanctuaries, such as Farley Heath in Surrey and Pagan's Hill in Somerset, continued to flourish into the 5th Century. Pagan folk customs, such as offerings to springs and wells, were even more tenacious, and have, in fact, never disappeared. Yet the principal concern of the Christian Church with Britain, as the Empire disintegrated in the early 5th Century, was much less the survival of paganism than the emergence of a brand-new Christian heresy. This was a doctrine of free-will taught by Pelagius, a highly educated Briton, in opposition to St Augustine's doctrine of grace. It was to combat Pelagianism that St Germanus came to Britain in 429 and 447 A.D. long after the Emperor Honorius had declined responsibility for this remote Province and formally ended Roman rule.

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RALPH MERRIFIELD, FSA, retired in August 1978 as Deputy Director of the Museum of London, where he was also Keeper of the Prehistoric and Roman Department. For many years closely involved with rescue archaeology in London, and in particular with the investigation of Roman London, he is the author of The Roman City of London (Ernest Benn, 1965), Roman London (Cassell, 1969), and The Archaeology of London (Heinemann Educational, 1975).

FURTHER READ1NG

Pagan Celtic Britain, by Anne Ross (London and New York, 1967)
Art in Britain Under the Romans, by J M C Toynbee (Oxford, 1964)
Christianity in Britain 300-700, edited by M W Barley and R P C Hanson (Leicester, 1968)

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Observation JCE :

"Christianity was probably introduced into Britain at an early date, but as an underground movement on which officialdom frowned"

= le christianisme fut probablement introduit en G. Bretagne assez tôt, mais comme un mouvement 'souterrain' ( = non affiché, non officiel, dissimulé) sur lequel les autorités 'fronçaient les sourcils' ( = voyaient de façon inquiétante).

En tout état de cause, compte tenu du peu que nous en savons, il ne faut pas voir de 'foyers' chrétiens en G.Bretagne avant l'époque de Marc-Aurèle, c'est à dire dans la deuxième moitié du IIè siècle.

Il convient d'évacuer, sans état d'âmes, les fables et autres montages intellectuels et fantasmatiques concernant Caratacos, aussi bien que Joseph d'Arimathie et son pseudo graal à Glastonbury, avant la fin du troisième quart du Ier siècle.

JCE