Nomenoé / Nominoë / Nevenou / Nevenoe ...

Ouvrage intéressant :

André Chédeville & Hubert Guillotel : La Bretagne des saints et des rois. Vè-Xè siècle. Editions Ouest-France. 1984

JCE 

L'ambiguité du personnage se reflète aussi dans les propos de Pierre Honoré, Histoire de la Bretagne est des pays celtiques. Skol Vreiz, 1970, 

p. 60 : "Après bien des hésitations (840 à 843) Nominoe entra en rébellion ouverte contre Charles le Chauve, roi de Francie, tout en continuant par politique à affirmer sa fidélité à l'empereur Lothaire..."

P. 62 : Il (Conwoion) obtint (du pape) également pour Nominoe le droit de ceindre une couronne d'or aux jours de fête"

A noter ici qu'il n'est pas précisé si elle est sertie de perles ni si elle est fermée. Si les auteurs nous donnaient leurs sources ou leurs preuves, autres que fabuleuses, ce serait bien aussi.

La carte de la page 54 de la Bretagne en 714, elle, est sans ambiguité : Rennes et Nantes sont du royaume des Francs, y compris la Brière et le pays de Guérande.

JCE 

bonsoir.

Jean-Claude, dans ta dernière publication, tu as fait référence à Conwoion.

Il y a là une chose bien étrange.

Au sujet de Nominoé, l'une des interrogations; c'est sa filiation, son origine. Les "nomem" "Nominoé" et même "Erispôé" ne se retrouvent nulle part ailleurs dans d'autre généalogie.

Par contre, on sait qu'il y a un lien familial avec Salomon, qui serait le cousin d'Erispoé.

il y a cependant un "nomen" qui apparaît alors, le fils d'Erispoé se prénomme Conan.

Conwoion, a une origine de haute noblesse gallo-romaine, et son père se prénomme "Conan".

Quand on voit la "complicité" entre Nominoé et Conwoion, qui aboutira au synode de Coëtleu, il est tentant d'envisager un lien familial entre les 2 hommes, ou un lien suite à un mariage entre Nominoé, ou son fils avec la famille de Conwoion.

Enfin, je n'ai retrouvé nulle part l'origine ou la signification du nom "Nominoé". est-ce un nom Breton, Gallo ou roman ?

Etait-il vraiment breton ?

Bonjour Rihowen, et merci de participer à cette discussion.

Pour ce qui concerne le nom Nominoë, la plupart des auteurs précités semble s'accorder sur une racine celtique*nem = sacré. Cette racine se retrouve en Gaules, et particulièrement dans le nom de Nemausus > Nîmes.

La question qui se pose effectivement est de savoir si Nominoé était un gallo-romain, peut-être de Rennes, ou un Britto-armoricain, peut-être du Vannetais.

Pour le vannetais lui-même, il ne faut pas perdre de vue que, bien que globalement celtisant, ce qui ne veut pas dire forcément breton, il a été lui aussi sous la coupe des Francs, avant de tomber sous la coupe des Bretons.

De même, la cité des Curiosolites, donnée par Clovis aux Bretons, était zone mixte, entre gallo-romains et bretons de l'émigration. 

Dire que Conwoion aurait installé des moines "bretons" près de Redon, côté ouest de la Vilaine, peut aussi pour cette raison paraître un peu précipité.

Pour moi, celui qui n'est pas ambigu, par contre, c'est Lambert, qui voulait absolument le comté de Nantes. Puisqu'il ne pouvait l'obtenir de la part de Charles le Chauve, il se serait allié avec n'importe qui pour y arriver. Pourquoi ne pas s'allier avec le comte franc de Rennes, qui l'avait pourtant contenu pour le compte du roi auparavant, quitte à lui proposer une reconnaissance de roi dans le cadre de l'empire.

Cette opération ressemble fort à une coalition de deux comtes francs, dont l'un était en charge aussi des populations celtisantes de l'ouest, contre leur roi suzerain de droit, issu de l'héritage de Charlemagne.

Pour ce qui concerne la fameuse couronne, il serait surprenant que le pape de l'époque l'ait attribuée à Nominoé, en passant par dessus l'épaule de Charles le Chauve, sachant ce que la papauté devait à Charlemagne.

Le problème est que cette question d'histoire est polluée aujourd'hui par des questions politiques, et qu'il est difficile de la creuser en toute sérénité.

JCE 

Joseph Chardronnet : Le livre d'or des saints des Bretagne. Armor-Editeur. Rennes 1977.

Sous Saint Conwoion, p. 60-61 :

"Ils (st Conwoion et ses cinq compagnons) partent vers l'Est et finissent par arriver à une région frontière, où se mêlaient descendants de gallo-romains, Francs et Bretons, tous derniers arrivés. En 832, l'autorité franque n'est pas tellement affermie dans la région, bien que le comte de Vannes, Nominoë, soit délégué direct de l'empereur Louis le Débonnaire".

JCE 

A propos de la fameuse couronne d'or, voici le note d'Hervé Le Boterf, (op. cit.), page 100 : 

"L'abbé partit, emportant dans ses bagages un superbe lustre d'or enrichi de pierreries (1) que Nominoë offrait au Saint-Père"

1. Un lustre et non une couronne comme le disent la plupart des historiens. Le terme "corona aurea» que l'on trouve dans les "Gesta Sanctorum Rotonensium" désignait dans le latin de l'époque aussi bien une couronne qu'un lustre circulaire muni de récipients dans lesquels on faisait brûler de l''huile. Ce luminaire était suspendu dans les églises devant le Saint-Sacrement et devant les reliques. Un tel présent semble convenir à un pape beaucoup mieux qu'une couronne d'or sertie de pierres précieuses.` 

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Dans ce texte, c'est Nominoë qui fait un présent au pape, et non l'inverse comme l'ont prétendu effectivement des historiens précités. 

Cold case ? Affaire classée ? 

JCE 

Hervé Le Boterf, (op. cit.), page 105 :

"On a prétendu que, au cours de ces solennités, Nominoë fut proclamé roi et reçut l'onction sacrée. Rien n'est moins sûr. Le fait est rapporté par la Chronique de Nantes (composée vers 1055) dont le rédacteur, toujours malveillant, précise que le chef breton "se fit abusivement sacrer roi". Avec le recul du temps écoulé depuis les événements qu'il rapporte, le chroniqueur prête à Nominoë des intentions et même des prétentions qu'il n'eut jamais. Considéré par la suite comme le fondateur de la monarchie bretonne, Nominoë ne s'arrogea jamais, de son vivant, ce titre royal. Dans les actes du Cartulaire de Redon, il est tour à tour qualifié de duc des Bretons, duc en Bretagne, duc de toute la Bretagne, prince de Bretagne, prince de toute la Bretagne, mais nulle part de roi. Plus vraisemblablement, Festinien posa-t-il sur son front le cercle d'or que le pape Léon IV lui avait permis de ceindre. Un couronnement n'a pas, que l'on sache, le caractère sacré de fonction royale. Il n'en reste pas moins que s'il n'était pas roi de droit divin, Nominoë l'était du droit de la nation. La ferveur populaire le voulait roi. Ainsi il le fut et il le demeura pour la postérité, à tel point que, aujourd'hui encore, tout patriote breton qui se respecte se garderait bien de lui contester ce titre parfaitement mérité.

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La deuxième partie de la dernière ligne n'engage que son auteur. On peut être "patriote" sans vouloir pour autant une vérité déformée ni contournée. Mais à ce niveau là, on entre dans la politique, qui n'a pas sa place sur ce forum.

JCE