techniques de labour

On m'a dit qu'avant guerre, en pays Pourlet, dans les fermes pauvres, on travaillait la terre avec des bovins, le cheval étant cher. Je sais aussi qu'en Loire Atlantique, dans certaines zones, on a employé des bovins jusqu'à l'après-guerre de 45.
Avez-vous des témoignages sur ces zones ou d'autres ?

Mon grand père paternel (métayer, donc pas riche, c'est le moins qu'on puisse dire!), canton de Derval, avait des boeufs. Ils servaient au labour notamment. Mon père savait les mener.
L'une de ces paires de boeufs a été immortalisée: elle est en photo, tractant un char lors des festivités de l'anniversaire millénaire de la fondation de Châteaubriant par Brient et sa mère (date de la photo: vers 1950?).
Je lis sur la photo:

Castrum Brient
fut basti par Brient
fils du tyhern breton ???
et de sa femme ? Hinnogwen?

De vrais beoufs de labour ou des races locales ? En pays Pourlet, ils utilisaient des Pie Noire bretonnes, c'est pas le top question traction

Ce qui est marrant c'est que dans certaines régions, les boeufs sont utilisés par les pauvres et les chevaux par les "riches", et dans d'autres régions c'est l'inverse

Le surnom d'un de mes arrière grand père était "Job toucher" conducteur de boeufs (pays pourlet)

Salut,

On doit bien trouver des photographies ou dessins de cela dans des collections de cartes postales anciennes, ou de type 'Galerie armoricaine', voir sur des faïences de type Henriot, ou sur des peintures paysagistes fin XIXè et début XXè siècles.

J'ai bien quelque chose en mémoire, mais je ne sais pas où ! Je vais essayer de retrouver çà.

Aussi un souvenir d'il y a une trentaine d'année à propos du ferrage des ongles des boeufs, différent de celui des chevaux, puisque bis-ongulés.

JCE

Petit cadeau de ma maman au forum, elle a une collection impressionnante de cartes postales du pays Pourlet.

On voit les vaches en attelage en effet. Elles ne sont pas bien grandes, Pie Noire Bretonne, probable. Surtout la 2 et la 3
Tu as une idée de l'époque ? (avant 14, avant 39 ?)

Je pourrai le préciser mais je n'ai pas les cartes sur place, ma mère est à Pontivy et moi à Saint-Brieuc. Je pense que les cartes sont début de siècle.
Ma mère est née en 35 et elle m'affirme avoir vu des attelages de boeufs à Malguénac avant et pendant la 2ème guerre

La première carte: avant le 5 septembre 1905 (cachet de la Poste faisant foi!).

'Les vaches en attelage' .... a quoi distingue t on un boeuf d'une vache?
nos ancêtres proches doivent bien se marrer...

gerard a écrit:

'Les vaches en attelage' .... a quoi distingue t on un boeuf d'une vache?
nos ancêtres proches doivent bien se marrer...

On utilisait également les vaches comme bêtes de trait. Les "Nantaises" étaient appréciées pour cela (voir de Beaulieu, ''Les Bretons et leurs animaux domestiques" p. 45).
Intéressantes photos dans le même livre d'attelage mixte cheval + bœufs du côté de Guérande, et d'attelages boeufs pie-noire+Nantais près de Redon.

Dans le Limousin, on attelait aussi parfois les vaches.

J'ai explicitement posé la question à ma mère: même dans les exploitations plus prospères, on avait souvent une paire de boeufs (pour le labour). Elle n'a pas vu de vaches attelées.
'On avait une sorte de tombereau plus léger pour les boeufs, à un seul brancard'
Jusque vers 1950.

Les 'biqueries' n'avaient que des boeufs (chevaux trop chers).

Pour finir sur les boeufs, un extrait de bail de métairie de 1747:



(photographie de uuicant ramenée de 1240px à 800px, par JCE.webmaster)

Vaches attelées pour faire des labours. Voir Rouger & Perhirin "Les bovins bretons" dans Penn ar Bed n°84, 1976, p. 279, pour la Pie noire bretonne.

J'ai lu un article de 1931 sur la Chalosse (dans les Landes), où l'auteur explique que les bœufs servent à la culture et les vaches au charroi.

Rebonjour,
J'ai obtenu des précisions intéressantes, corrigeant certaines infos erronées que j'ai données plus haut, auprès d'informatrices* (canton de Derval) plus jeunes mais moins coupées de leur milieu originel.

Les boeufs étaient chers, peu rentables (ils ne poulinaient pas!!! pas de gain à la revente du poulain) mais forts (comme un boeuf) et indispensables aux gros charrois (notamment pour celui de la machine à vapeur en fonte qui activait la batteuse, et qui allait à la saison de ferme en ferme).
Peu d'exploitations n'en possédaient pas. Ce jusque vers 1955 - 1960 (époque où l'entrepreneur de battage acquit le (un des) premier tracteur du coin).
J'ai dit que le métayer était pauvre: pas si sûr: exploitation de 20 ha.
Par contre les parents de ma 2ème informatrice étaient propriétaires de leurs terres: 7 ha, et ne pouvaient se payer le luxe des boeufs, en conséquence, c'était les vaches que l'on attelait! Commentaire (pas texto) de l'informatrice: 'et on s'étonnait que les vaches ne donnaient pas beaucoup de lait!'
La race des boeufs locaux: maine-anjou ou nantaise (hésitation de l'informatrice 1)
Il fallait des véhicules (charrettes, tombereaux) à timon.
J'ai pas d'info sur le labour (mais je me souviens que mon père évoquait les labours avec ses boeufs et que l'un des deux avait sa (forte) personnalité).
* témoignage de l'informatrice 2 de seconde main via informatrice 1.

"Exposition temporaire 2010
Cette année le thème mis en valeur dans l'exposition du Cartopole est : L'agriculture et le monde paysan en Bretagne au début du XXème siècle.
Un documentaire d'une vingtaine de minutes présentant le sujet est proposé aux visiteurs"

cf. http://www.cartolis.org/

" Les deux boeufs - an daou eujen

Les amis du paysan breton : ses boeufs.
[...] Et pourtant, depuis cinquante ans environ, le nombre des boeufs occupés aux travaux champêtres a singulièrement diminué. On en chercherait en vain dans les pays riverains de la mer. Là où la terre est la plus riche, c'est le cheval qui les remplace. Il faut pénétrer maintenant assez profondément à l'intérieur du pays pour retrouver les antiques attelages, traînant, à pas lents et cadencés, des charrues de forme primitive et des charrettes aux essieux criants et aux supports grossiers. Un temps viendra sans doute où ils disparaîtront et où le paysan breton reportera ses affections sur son cheval seulement. [...]
février 1902"

Patrimoine oral de Bretagne - François Cadic - Chansons populaires de Bretagne - PUF / Dastum /CRBC

cf. Yann ar Baluc'henn - Job Jaffré - Dastum - p 78
On y voit sur une carte postale deux couples de boeufs tirant un tombereau (légende = en route pour le marché de Guéméné).

Informateur de Langoëlan, des boeufs = ouhen (oc'hen) (enreg. 23/08/2010)

dans LPPN : "oc'hen /'ohən/, /'o.-/, parfois /õ:n/ ( + Ph "o(c'h)ned" /'õ.nət/) pl. boeufs (rare, cf. "ejenned" ou "ejennou", "koleou" ou "kolïou")"

dans le DBVF d'E. Ernault : "éjon, eijen, m. pl. éhén, boeuf."

cf. http://ma-tvideo.france3.fr/video/iLyROoafY1Rk.html

Ouest-France, dimanche 23 septembre 2012, Ancenis:
témoignages de gens qui ont vécu le jeudi (pas d'école) 23 septembre 1943 (bombardement de Nantes par l'aviation américaine) à Saint-Mars-du-Désert.

LB, 9 ans à l'époque: "...on s'est mis à plat-ventre, sous la charrette à boeufs."

JR, 18 ans à l'époque: "Quand les bombes sont tombées, j'étais aux Masses avec la charrette et les boeufs, pour les vendanges."
"Ca a fait un sacré bruit, 14 bombes! Les boeufs, il fallait les tenir!"

(plus de 45 bombes larguées sur St-Mars-du-Désert ce jour-là par 4 bombardiers, ayant manqué leur objectif nantais et se délestant sur la route du retour?)

Toponymes cités dans l'article:
l'Auvrinière, la Pivinière, Beauchêne, la Rivière, les Masses, la Noë-Frais [la Naufrais (Basse et Haute) sur carte IGN 1/25000], le bois de Buaret, la Lande-Fougère.

Vendanges: la Loire est à 7km au sud-est du bourg de St-Mars-du-Désert. Vignoble au nord de la Loire.

écouter : http://www.radiobreizh.net/fr/episode.php?epid=4241

Ce locuteur natif de Cléguerec dit n'avoir labouré qu'avec des boeufs dans la dachennig de ses parents.

Pour boeufs, il utilise la forme ac'han (prononcé ahãn) (oc'hen, ec'hen)

cf. carte albb 180, pt 67.

après réécoute, il utilise, en réalité, la forme suivante : [ahεn(t)]

DES BOEUFS
Cléguérec.
ahãn?
On attendrait à Cléguérec ac'heñt, ou (communes limitrophes au sud) ac'heñn.
L'ALRP carte 042 confirme l'ALBB.

Le NALBB carte 351 donne beuùi'neuù (eu ouvert) ( ? boeuf de viande, de boucherie sur pied, bétail à viande vif ?) et les variantes a'he:ñt, aheñteu-u.

Rappel:
Pierre Le Sausse (Bleu Benal) [de St Caradec-Trégomel], p. 172 EeB 1976-1977:
...ur bevin [...] é c'hortoz bout diskaret.
un boeuf qui attendait l'abattage.

bevin ne désigne pas que la viande, mais aussi l'animal (vivant) destiné à fournir cette viande.
Boeuf de boucherie ou autres termes professionnels employés par les éleveurs de bétail bovin.
gg

Des fois, on entend aussi un 't' final si ma mémoire ne me joue pas des tours. Je vais tacher d'isoler les parties où il prononce ce mot.

Citation :

On attendrait à Cléguérec ac'heñt, ou (communes limitrophes au sud) ac'heñn.
L'ALRP carte 042 confirme l'ALBB.

E. Thibault retranscrit le son [ε] par e cédille suscrit d'un tilde (le e cédille représentant un [ε]). Il donne, en effet, la prononciation suivante : [ahεn(t)] 'boeufs' pour Cléguerec.

écouter : http://www.wat.tv/audio/ahennt-boeufs-locuteur-cleguerec-5nzrp_2jmuf_.html

en fait, il prononce : [ahεnt]

Je rectifie mes messages précédents.

oged (prononcé odjèt) f. herse