La réponse se trouve peut-être dans le livre d'Alain Boureau "Le droit de cuissage : histoire de la fabrication d'un mythe (XIIe-XXe siècle)".
"Le cuissage à la trappe
Alain Boureau ne respecte rien. Naguère, il soutenait que la papesse Jeanne n'existait pas plus que la fée Mélusine. Aujourd'hui, il escamote ce bon vieux droit de cuissage, autre fleuron de nos représentations médiévales.
Nous avons été trompés par une de ces traditions qui élèvent des rumeurs au rang de vérités. Au demeurant, l'expression « droit de cuissage » ne remonte qu'au XVIIIe siècle, sous la plume de Voltaire. Quant au mythe lui-même, il semble né d'une légende écossaise, à moins qu'il ne soit le produit d'une surenchère dans la dénonciation des abus seigneuriaux. Mais si Rabelais, maître ès paillardises, n'en souffle mot et si les fabliaux que la grivoiserie n'a jamais rebutés font silence, comment y croire vraiment?
Le droit de cuissage ou droit de noces ou « jus primæ noctis » est en tout cas une belle invention, trop belle même puisque en plein XIXe siècle on vit les libéraux brandir le souvenir de cet usage comme l'expression la plus barbare du féodalisme auquel aspiraient les hommes de la réaction. Rassurons-nous, le droit de cuissage appartient, et pour longtemps encore, à notre Moyen Age imaginaire."
Lire - Daniel Bermond - mars 1995