Léon HOMO :
Les institutions politiques romaines. Editions Albin Michel. 1950.
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p. 432-433 : le fonctionnarisme impérial.
La carrière militaire du Bas-Empire (1), à la suite des réformes de Dioclétien et de Constantin, se distingue de celle du Haut-Empire par deux caractères fondamentaux : autonomie, — elle est absolument indépendante de la carrière civile et n'a plus rien à voir avec cette dernière, — unité, — du bas en haut de la hiérarchie, elle s'ouvre sans exclusion ni restriction aucune aux soldats sortis du rang. Le dernier soldat, par les grades intermédiaires de sous-officier et d'officier subalterne, comme par le passé, peut s'élever maintenant aux commandements généraux (préfet de légion, duc, maître de la milice). Au point de vue de la carrière militaire supérieure, la grande innovation militaire du Bas-Empire réside dans la conception nouvelle de l'emploi de
dux et la création des maîtres de la milice,
magistri militum, œuvres la première de Dioclétien, la seconde de Constantin.
Dès avant 289, Dioclétien avait enlevé aux gouverneurs de provinces l'ensemble de leurs attributions militaires, pour les donner à des officiers généraux, les ducs. Ces
duces de type nouveau, s'ils portent le même nom que les ducs du Haut-Empire, en diffèrent par la nature de l'institution ; ce ne sont plus des commandants d'armées d'opérations, mais des chefs de circonscriptions territoriales, fixées à titre permanent et d'étendue variable. Les ducs sont recrutés parmi les officiers de carrière et, par leur origine, sortent ainsi du rang. Les plus considérés d'entre eux reçoivent les noms de « duc et comte »,
dux et comes, qui, dans la pratique, se résument en la formule abrégée de comte.
Enfin Constantin, lorsqu'il enlève aux préfets du prétoire leurs attributions militaires pour les confiner désormais dans leurs fonctions civiles, en investit des fonctionnaires strictement militaires, officiers de carrière eux aussi, les maîtres de la milice. Au début du Ve siècle après Jésus-Christ, il y en aura huit, quatre, soit deux pour chaque empire, présents à la cour,
praesentales ou
in praesenti, quatre régionaux — trois en Orient (Orient, Illyricum, Thrace), un en Occident (Gaule). La maîtrise de la milice représente au Bas-Empire le plus haut échelon de la carrière militaire. En règle générale, ce sont les ducs qui sont appelés, par voie de promotion exceptionnelle, à en fournir les titulaires.
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(1) C. f. L,,passim (I. L. S., 2775-2815; 9204-9217): LXXIX, 107-198.
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JCE