Les saints Bretons d'Armorique

Bonjour,

Comme il l'a déjà été évoqué, il est traditionnel en Bretagne de réduire l'Armorique à la Bretagne, et de se référer aux saints bretons venant évangéliser cette Armorique.

Tout le monde sait ce que j'en pense.

Pour confirmer ce que j'en pense, j'ai retrouvé une plaquette, publiée par le Musée de Normandie, à Caen, au 2è trimestre 1996.

Carte page 12 :


Lieux de cultes des saints : Armel, Guénolé, Malo, Méen, Melaine, Samson.

L'auteur précise, en fin d'exposé : "La renommée des moines celtes s'est propagée après leur mort, ce qui explique la présence du culte des saints Bretons en de nombreux lieux de Normandie"

JCE

Tout à fait intéressant !
Serait-il possible d'avoir la référence complète de cette contribution ?
Pierre Yves Quémener

Il s'agit d'une plaquette de 90 pages environ, format A4, très bien faite, publiée par le Musée de Normandie, Logis des Gouverneurs, La Château, 14000 CAEN

sous le titre : Voyageurs et ermites. Saints populaires évangélisateurs de la Normandie,

pour une expo à l'église Saint-Georges du Château, du 8 juin au 28 octobre 1996.

préface signée de Jean-Marie GIRAULT, sénateur-maire de Caen.

Prix indiqué à l'époque : 100 francs.

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A l'occasion, je me permets d'insister sur le cas de Saint-Germain-l'Ecossais, saint patron de Saint-Germain sur Bresle, aujourd'hui en Picardie (rive droite de la Bresle) (j'y suis passé). C'est lui, ou sa légende, qui nous permet de retrouver le contact avec Hubault / Himbaldus, le chef franc qui s'est opposé au débarquement de Maxime, au printemps 383.

JCE

Merci pour l'info. J'ai essayé de trouver cette plaquette sur le net mais on ne la trouve apparemment qu'en bibliothèque.
Concernant ces lieux de culte de saints bretons en Normandie, l'opinion traditionnelle les considérait comme un témoignage de l'action missionnaire de ces saints dans la région à l'époque mérovingienne. C'était celle de Léon Fleuriot (Les origines de la Bretagne, p. 150s.) et j'imagine que ce doit être également celle de l'auteur de la plaquette du Musée de Normandie (peut-être le Dr Fournée ?).
Bernard Merdrignac la récusait entièrement et estimait pour sa part que le culte de ces saints bretons s'était diffusé en Normandie à l'occasion de l'exode des reliques consécutif aux invasions normandes en Bretagne (Bretons et Normands au Moyen Age, p. 35-50).
Bien cordialement,
Pierre Yves

Bonjour,
voici un article que nous avions publié
en 2005:
Les saints bretons n'ayant jamais existé avec des doute sur Sainte Anne bien sûr, Saint Armel...
et bien d'autres......
http://www.sahpl.asso.fr/SITE_SAHPL/Plan_du_site.htm

Pour l'accès, un fois sur le site,
faites le n° 35,
puis page 73.

Merci pour cette référence.

Mais on peut y constater que l'Armorique y reste identifiée à la petite Bretagne, ce qui est à la base de toutes les incompréhensions.

Personnellement, quand je lis Breton, y compris jusqu'au VIIè et VIIIè siècles, je lis Grande Bretagne. Je ne m'imagine pas une extension de la Bretagne sur la Normandie, mais une égale pollinisation bretonne provenant de G. Bretagne.

JCE  

La distinction entre "vrai saint" et "faux saint" est sans doute aussi un peu artificielle. J'utiliserais plutôt les expressions "saint historique" et "saint de papier", saint dont on ne peut prouver l'authenticité (ex. Corentin) mais qui ont pu néanmoins bénéficier d'un culte tout à fait authentique et important. Cette problématique du vrai/faux saint est relativement moderne et jusqu'au 17e siècle les fidèles, pas plus que le clergé, ne se souciaient véritablement de la biographie de leurs saints, pourvu qu'ils soient efficaces.

Dans cette plaquette, sous la plume de Jacques Le Maho, ont peut lire en page 31 :

"Dans la même ville (Rouen), le port de Saint Séver possédait autrefois une chapelle Saint-Yves, et le vocable de cette église était sans doute plutôt d'origine insulaire que bretonne, car sa première attestation est antérieure à la canonisation d'Yves de Bretagne. Vient-il de Saint-Yve (= Ste Iva) en Cornouaille anglaise, sur la route d'Irlande, port fréquenté par les marchands rouennais au XIIIè siècle".

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Pour Iva, voir la proposition faite pour l'éponyme de Plouyé, en Cornouaille.

JCE  

Il est toujours malaisé de présenter les saint Bretons car cette citation donnée ci dessus en est un bon exemple:

"plutoit d'origine insulaire que bretonne"

quand on sait que longtemps breton désigna "de grande bretagne"

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donc à part préciser exactement la biographie de chaque saint , cela peut-être un casse tête pour vulgariser ce genre d'ouvrages.

Un ouvrage qui me paraît tout à fait intéressant. Dommage que Jacques Le Maho n'ait pas indiqué la date du document auquel il fait allusion mais on peut lui faire confiance sur la fiabilité de ses informations.
Il est vraisemblable que cette chapelle ait été en effet sous le patronage de saint Ivo de Slepe (Cambridgeshire). Sa légende fait de lui un évêque en Perse au 7e siècle. Il serait passé ensuite en Angleterre où il mourut et fut enterré. Un paysan aurait découvert son corps encore revêtu de ses habits pontificaux le 24 avril 1001. L'abbé Whitman de Ramsey composa une vita en son honneur, qui fut complétée entre 1087 et 1091 par Goscelin de Saint Bertin, moine à Cantorbery.
Si le culte de ce saint anglais est bien attesté, celui de sainte Ia me paraît beaucoup plus farfelu :

http://www.earlybritishkingdoms.com/bios/ia.html

Un saint énigmatique (pour moi en tous cas) parmi tant d'autres:
Saint-Lalu, en Inguiniel. Quatre hameaux portent son nom, aux environs du village du Moustoir. Rien sur la carte de Cassini.

Ce Moustoir (simple chapelle plutôt que monastère ? - cf. Vallerie) aurait-il été dédié à ce saint mystérieux?

Prononciations locales?

Comme bien d'autres saints bretons, ce Lalu est en effet un saint sans histoire qui n'a laissé son nom que dans la toponymie. Rien chez Loth et Duine. Le nom me semble inconnu par ailleurs. Pas d'explication étymologique à moins d'y voir un lien avec alusenn, aumône, mais c'est difficile à soutenir.
La particularité du personnage (s'il a bien existé) est qu'il a laissé son nom à quatre villages différents dans un même secteur (La Villeneuve, Penhoët, Kerganiet et Kerven) qui est aussi celui du Moustoir. Apparemment aucun de ces lieux n'a aujourd'hui de chapelle et il est effectivement tentant d'envisager que le chef-lieu de ce territoire était autrefois le Moustoir Saint-Lalu. Hypothèse toutefois difficile à soutenir si l'on ne trouve pas une trace écrite dans d'anciens registres ou manuscrits.

Il y a un Laluzon en Louargat. Si mon hypothèse étymologique a quelque fondement (je ne suis pas compétent en la matière), il n'y aurait alors pas de personnage nommé saint Lalu mais plutôt un "circuit de l'aumône" qui partait du Moustoir en passant par les différents villages qui portent aujourd'hui le nom de Saint-Lalu".

La prononciation en breton local, s'il est encore possible de l'entendre, peut donner des pistes. Voir avec L. Cheveau?

Autrement, je pensais à "l'alleu", mais en zone bretonnante, faut-il y penser?

Il y avait peut-être un vieux chemin S-N de Lézot à Kerhonic (5,5km, 10° ou 190°), par le Moustoir.
Si on le prolonge de 9,7km vers le nord, il mène à la chapelle St-Michel de Ploërdut et à son enceinte protohistorique.

chopendoz a écrit:

Il y a un Laluzon en Louargat.".

Le lieu est situé près d'une voie romaine importante, de Carhaix à Plougrescant, au pied du Menez-Bré.

JCE