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| Guérande, ça lave plus blanc. | |
| | Auteur | Message |
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Ar Barzh Racine; Gwrizienn; Root
Nombre de messages : 404 Age : 53 Localisation : Naoned / Neñneit Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: Guérande, ça lave plus blanc. Lun 30 Aoû 2010 - 14:26 | |
| Ce sujet est un clin d'oeil au fil de Jean-Claude "Brocéliande, ça peut mener à tout", publié dans la rubrique "Le Chaudron".
Un excellent exemple de l'impact des délires des érudits du XIXe siècle sur notre vie quotidienne est le sens généralement accordé au nom de Guérande : "Le Pays Blanc".
Guérande, (formes les plus anciennes Uuenran 857, Uuenrann 865, Uueran 876, Uuenrann et Uuenran XIe) est en effet composé des éléments gwenn et rann.
C'est Léon Maître, archiviste du département de la Loire-Inférieure, qui proposa le premier en 1894 de traduire "gwenn rann" par "le pays blanc", en se basant sur le sens moderne de rann : pays. Le souci est que ce mot n'admet en breton ancien que les sens de "parcelle, part". Je ne reprendrai pas ici l'historique précis des traductions du nom de Guérande, qui a été fait par Gildas Buron avec l'érudition qu'on lui connaît.
Reste qu'à partir de la mention "ecclesia quae dicitur Uuenran" de 857, le même Gildas Buron souligne que Guérande se trouve être une simple église dont le nom vieux breton signifie " la parcelle sainte, consacrée". En français moderne, on dirait probablement "l'enclos religieux". Ce nom désignait un lieu de culte, et non une région entière.
Or le problème est que "Le Pays Blanc", appellation censée renvoyer à la tradition salicole locale, a fait florès. La concision et la poésie de la formule n'y sont certainement pas étrangères.
Ainsi aujourd'hui nous avons un collège, un office de tourisme, plusieurs commerces et des associations dénommés "Le Pays Blanc", mention reprise dans tous les ouvrages traitant de Guérande. Sur Google, la recherche de "Guérande pays blanc" donne : 52 700 résultats !
Avatar ultime de la traduction erronée de Léon Maître, on en est venu à dénommer la Brière, marais voisin de la presqu'île de Guérande où l'on extrait la tourbe, "Le Pays Noir", en opposition au Pays Blanc ! La boucle est bouclée.
Pays Noir, Pays Blanc, tout le monde est content. Les implications ne sont certes pas comparables au cas de Brocéliande, mais c'est non moins absurde. | |
| | | elouan Mignon / Ami / Friend
Nombre de messages : 209 Age : 51 Localisation : Sant Nazer Date d'inscription : 06/12/2007
| Sujet: Re: Guérande, ça lave plus blanc. Lun 30 Aoû 2010 - 20:55 | |
| en effet , vu comme ça
mais il est indeniable qu'avec le pays blanc , on pense au sel même si après réflexion ça n'a aucun sens.
c'est absurde en effet, on y voit pas un paysage blanc ! | |
| | | Marc'heg an Avel Admin
Nombre de messages : 7733 Age : 77 Localisation : Lannuon / Lannion. Breizh Izel Date d'inscription : 27/03/2007
| Sujet: Re: Guérande, ça lave plus blanc. Lun 30 Aoû 2010 - 22:10 | |
| Salut, Hervé Abalain propose, à partir de Guerrandia, 1112 : pays en friche. Il me semble que nous en avons déjà discuté quelque part. ---------------- Si le nom signifie enclos sacré, on pourrait essayer de trouver des correspondants de type : gwenn + red < uuen + rat-is, sachant qu'on dispose du breton bered = enclos paroissial, enclos de cimetière. ( be / bez = tombe; rat-is = enclos, forteresse, lieu protégé par un fossé, et/ou un talus, et/ou une palissade). Mais il me semble que la ville actuelle de Guérande a été précédée par une agglomération celtique, non située au même endroit. Pour proposition. JCE _________________ "Ne te borne pas seulement à respirer avec l'air qui t'environne, mais à penser désormais avec l'intelligence qui environne tout. La force intelligente, en effet, n'est pas moins répandue partout, et ne s'insinue pas moins, en tout être capable de s'en pénétrer, que l'air en tout être qui peut le respirer".
Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même. Livre VIII; verset LIV".
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| | | Ar Barzh Racine; Gwrizienn; Root
Nombre de messages : 404 Age : 53 Localisation : Naoned / Neñneit Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: Re: Guérande, ça lave plus blanc. Mar 31 Aoû 2010 - 21:47 | |
| - Marc'heg an Avel a écrit:
- Salut,
Hervé Abalain propose, à partir de Guerrandia, 1112 : pays en friche.
Il me semble que nous en avons déjà discuté quelque part. Oui, mais juste pour mémoire, deux éléments infirment totalement l'hypothèse d'Hervé Abalain : 1 ) Les nombreuses formes antérieures comprenant les éléments bretons uuen et ran 2 ) La première mention connue du lieu, datée de 857, qui dit on ne peut plus clairement que Guérande est alors une église. Une église dénommée "le pays en friche", ça n'a pas grand sens.... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Guérande, ça lave plus blanc. Mer 1 Sep 2010 - 10:14 | |
| Il faudrait savoir qui a proposé un premier cette histoire de "friche", car, ne n'est pas tout-à-fait comme cela a été marqué plus haut qu'Abalain (2000) a proposé les choses: Abalain a dit (p. 70): «Guérande (44), Gwenrann, Gwerrann (Uuenran en 857, puis Guerran, Guerrandia en 1112, de [gwenn rann] «pays blanc», c'est-à-dire en friche). Le Moing (2004) va plus loin: «Noté Wenran en 857, sa traduction par "pays blanc" est sans doute une belle image, mais Guérande a plutôt le sens de "terrain en friche ou en réserve", que le mot varenne proche affecte à la "réserve de gibier". Dépourvus de forêts, impossible à mettre en culture, les marais de Guérande sont en revanche un lieu idéal pour la production de sel marin.» Peut-être d'après Dauzat? J'avoue ne pas être convaincu. |
| | | Ar Barzh Racine; Gwrizienn; Root
Nombre de messages : 404 Age : 53 Localisation : Naoned / Neñneit Date d'inscription : 09/07/2007
| Sujet: Re: Guérande, ça lave plus blanc. Mer 1 Sep 2010 - 12:59 | |
| La "parcelle en friche" a d'abord été proposée par Joseph Loth selon Gildas Buron. Elle est basée sur une acception admise en gallois pour le mot gwynn, mais non attestée en breton.
Plutôt que de traverser la Manche, commençons par chercher du côté d'autres toponymes du pays nantais qui comportent le même adjectif à l'initiale, avec un sens autre que "blanc" :
- GUENOUVRY (trève de la paroisse de Guéméné-Penfao) contient manifestement un hagionyme Uuobri. Ici guen semble ni plus ni moins signifier "saint"
- GUINDREFF (Saint-Nazaire) est formé sur trev, "habitation, trève" : pour le sens, on remarque qu'il côtoie le village de L'Immaculée, qui semble en être une parfaite traduction romane, avec un sens religieux évident.
- GUENROUET (paroisse, Guenruth 1090, Guenreth XIIè, Guenret 1287) semble formé avec RED, cours d'eau : ici guen doit avoir le sens de bon, favorable.
Ces exemples permettent de donner à GUEN le sens de "saint, pur, favorable". Peut-être faut-il y ajouter le lieu-dit GUEN BARECH signalé par Quilgars en Guérande au XVe siècle, et surtout la paroisse de GUENROC (35, évêché de Saint-Malo). Curieusement, ce type de construction ne semble pas exister ailleurs en Bretagne.
L'hypothèse de Jean-Yves Le Moing contient une faille : il y est une fois de plus fait référence aux marais (lesquels sont situés à plusieurs kilomètres de la ville au sud), alors que la mention de 857 est on ne peut plus explicite : "Ecclesia quae dicitur Uuenran".
Une autre hypothèse est celle d'Alain Galicé, évoquant la reprise du gaulois *vindo-randa par les Bretons. C'est fort peu probable, en raison des formes anciennes mais aussi de l'apparition très tardive du nom : le IXe siècle. | |
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