Le gaélique a été introduit en Ecosse par des Irlandais à partir du Ve siècle. Les deux langues ont entretenu des rapports étroits avant de suivre des chemins différents à partir du Xe siècle, voire bien avant.
Or j'ai assisté hier soir à une scène surprenante : un gaélisant irlandais (de naissance) et un écossais (de naissance aussi) menant une conversation courante sans la moindre difficulté. Je ne fus pas le seul surpris : les protagonistes eux-mêmes n'en revenaient pas, c'est même l'un des deux qui m'a dit "c'est incroyable, je lui parle et il me répond ; je comprends absolument tout". Je précise que les deux personnes en question ne sont nullement des "spécialistes" du gaélique, et ne l'utilisent que rarement. Après question de ma part, il s'agit plus pour eux d'une langue entendue dans l'enfance que d'une langue quotidienne.
Les différences sont nombreuses mais n'entravent pas la compréhension : j'ai retenu beag (petit) prononcé /beg/ par l'Ecossais et /biog/ par l'Irlandais.
Après vérification, les dialectes confrontés sont :
- irlandais : Connacht (j'avais pensé au début à un dialecte de l'Ulster, mais non)
- écossais : Lewis
Bref, pas de doutes, c'est bien la même langue. On peut imaginer des influences par le gaélique entendu à la radio, etc, mais pas pour le locuteur de l'écossais, qui ne l'a parlé qu'avec sa grand-mère.
Alors, comment expliquer les énormes différences entre langues britonniques et les si grande similitudes entre langues gaéliques ?
Les convergences breton-gaulois relevées par Fleuriot (8 contre 9 convergences breton-britonnique insulaire) sont-elles l'explication des chemins si divergents pris par le breton et la gallois ? En clair : breton et gallois sont-ils réellement la même langue à l'origine ?
Je pose la question car au chapîte de l'intercompréhension, jamais je n'ai entendu parler de l'opposition flagrante (je le sais depuis hier soir !) entre proximité des langues gaéliques et divergences des langues britonniques. Et la question des origines réelles du breton reste ouverte.
Malgré la proximité géographique, les deux gaéliques sont séparés depuis aussi longtemps que breton et gallois (il est vrai que le cornique était beaucoup plus proche du breton).
Cela peut-il aussi être mis sur le compte d'un plus grand polymorphisme des langues britonniques ? (cf. dialectalisation du breton) On pourra aussi objecter que les locuteurs du celtique insulaire installés en Gaule ne venaient pas du Pays de Galles. Mais quand même...
Des précisions de la part des gaélisants du forum seraient bienvenues.