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| La Bretagne dans les littératures | |
| | Auteur | Message |
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jeje Major; Mestr; Maestro
Nombre de messages : 3489 Localisation : Naoned Date d'inscription : 25/10/2008
| Sujet: La Bretagne dans les littératures Mar 23 Aoû 2016 - 19:12 | |
| La Bretagne dans les littératures.
Maupassant: Un fils, in Les contes de la bécasse Celan: Matière de Bretagne [un poème en allemand] | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Mer 24 Aoû 2016 - 0:17 | |
| La Bretagne dans les littératures ? C'est un sujet plutôt épineux car le moins qu'on puisse dire est que notre pauvre pays ne fait pas bonne figure dans la littérature française. Il suffit de lire ce qu'en disent Victor Hugo, Balzac, Zola, Flaubert, Mérimée et d'autres encore. Ce qui n'a toutefois pas empêché un éditeur breton de publier la traduction d'une nouvelle de Mérimée !
Mais le plus beau arrive maintenant. Il y a peu de temps j'ai vu qu'un éditeur qui n'avait publié jusque là que des livres en breton, a eu la "bonne idée" de publier, entièrement en français sous le titre de "MAUPASSANT ET LA BRETAGNE", quelques nouvelles inspirées à Maupassant par la Bretagne. Ceci m'a paru plutôt étrange car ces nouvelles ont déjà été publiées plusieurs fois par des maisons d'édition françaises et sont maintenant disponibles gratuitement sur Internet. Mais le plus étrange est que cet éditeur, qui devrait pourtant être bien informé sur un auteur dont il publie les ouvrages, semble ignorer de quelle manière Maupassant met la Bretagne à l'honneur dans sa critique du roman de Pierre Loti "Mon frère Yves", où l'on peut lire ceci :
« [...] Alors, pour tout homme qui regarde avec des yeux clairs et perspicaces, des doutes se sont éveillés. La Bretagne est trop près de nous pour que nous ne la connaissions point, pour que nous n'ayons point vu ce paysan breton, brave et bon, mais en qui l'animalité première persiste à tel point qu'il semble bien souvent une sorte d'être intermédiaire entre la brute et l'homme. Quand on a vu ces cloaques qu'on nomme des villages, ces chaumières poussées dans le fumier, où les porcs vivent pêle-mêle avec les hommes, ces habitants qui vont, tous nu-jambes pour marcher librement dans les fanges, et ces jambes de grandes filles encrassées d'ordures jusqu'aux genoux, quand on a vu leurs cheveux et senti, en passant sur les routes, l'odeur de leurs corps, on reste confondu devant les jolis paysages à la Florian, et les chaumines enguirlandées de roses, et les gracieuses moeurs villageoises que M. Pierre Loti nous a décrites. » - Guy de Maupassant
Après avoir lu ça, peut-on encore faire l'éloge de "MAUPASSANT ET LA BRETAGNE" ?
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| | | Marc'heg an Avel Admin
Nombre de messages : 7733 Age : 77 Localisation : Lannuon / Lannion. Breizh Izel Date d'inscription : 27/03/2007
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Mar 30 Aoû 2016 - 21:40 | |
| En tant que Breton, Ernest RENAN avait du recul vis à vis de cela, puisqu'il dit, pour lui aussi : " Un Celte, mêlé de Gascon, mâtiné de Lapon. Une telle formule devrait, je crois, représenter, d'après les théories des anthropologistes, le comble du crétinisme et de l'imbécilité". Souvenirs d'enfance et de jeunesse. ... avec la dérision requise vis à vis de ceux qui, imbéciles intrinsèques et congénitaux, se permettent de penser cela des autres. JCE _________________ "Ne te borne pas seulement à respirer avec l'air qui t'environne, mais à penser désormais avec l'intelligence qui environne tout. La force intelligente, en effet, n'est pas moins répandue partout, et ne s'insinue pas moins, en tout être capable de s'en pénétrer, que l'air en tout être qui peut le respirer".
Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même. Livre VIII; verset LIV".
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| | | jeje Major; Mestr; Maestro
Nombre de messages : 3489 Localisation : Naoned Date d'inscription : 25/10/2008
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Mer 31 Aoû 2016 - 0:20 | |
| - MenezBre a écrit:
- La Bretagne dans les littératures ? C'est un sujet plutôt épineux car le moins
qu'on puisse dire est que notre pauvre pays ne fait pas bonne figure dans la littérature française. Il suffit de lire ce qu'en disent Victor Hugo, Balzac, Zola, Flaubert, Mérimée et d'autres encore. Ce qui n'a toutefois pas empêché un éditeur breton de publier la traduction d'une nouvelle de Mérimée !
J'ai bien écrit : "Dans les littératures". Orales, écrites, gasconnes, lapones ou patagones. Celan le roumain écrivait (entre autres) en allemand. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Jeu 1 Sep 2016 - 1:00 | |
| - Citation :
- jeje a écrit :
J'ai bien écrit : "Dans les littératures". Orales, écrites, gasconnes, lapones ou patagones. Avez-vous accès aux littératures gasconnes, lapones ou patagones ? Et pensez-vous que les lecteurs de ce forum puissent y accéder ? Pour ma part, je préfère parler uniquement de ce à quoi j'ai DIRECTEMENT accès dans les huit seules langues que je connaisse et parmi lesquelles ne figurent ni le gascon, ni le lapon, ni le patagon. Et maintenant, pour vous prouver que je ne cherche en rien à détourner votre fil ayant pour sujet la Bretagne dans les littératures (au pluriel) j'apporte ici ma petite contribution en évoquant un poème intitulé "Stille Insel" que Stefan Zweig a consacré à la Bretagne. Je me permets en outre de vous rappeler que vous avez vous-même évoqué la littérature française dans votre premier post où vous parlez d'une nouvelle de Maupassant intitulée "Un fils". J'ignore si cette nouvelle lui a été inspirée par une mésaventure qui lui serait arrivée à lui-même où à quelqu'un de son entourage. Je sais seulement que Mérimée était à l'abri de telles mésaventures puisqu'il écrit ceci : « Croiriez-vous que j'ai fait 400 lieues en Bretagne sans déboutonner ma braguette. Impossible de toucher sans pincettes les personnes du sexe de Brest, Morlaix, Saint-Brieux [sic], Rennes, Vannes, Quimper. » Et en plus, il parle ainsi de la langue bretonne : « [...] C'est une langue que celle-là. On peut la parler fort bien, je crois, avec un baillon dans la bouche, car il n'y a que les entrailles qui paraissent se contracter quand on cause en bas breton. Il y a surtout l'h et le c'h qui laissent loin derrière la jota espagnole. Les gens qui parlent cette belle langue sont bons diables, mais horriblement sales. On voit dans les villages les enfants et les cochons se roulant pêle-mêle sur le fumier, et la pâtée que mangent les premiers serait probablement refusée par les cochons du Canigou. » (Prosper Mérimée, lettre à Jaubert de Passa). Devant de telles horreurs, je me suis permis de profiter de votre fil pour attirer l'attention sur le fait que seule la littérature française donne une image aussi navrante de la Bretagne et des Bretons traînés dans la boue par de "grands écrivains" qui ne méritent pas qu'on leur fasse l'honneur de traduire leurs oeuvres en breton. Enfin, il s'agit d'un honneur pour le moins relatif vue la qualité d'une traduction que je j'ai lue en catimini sur le tabouret d'une librairie et qui, loin de mettre en valeur le talent littéraire de Mérimée, transforme un récit plutôt plaisant à lire en français en un exercice scolaire d'un niveau à peine acceptable en classe de 6ème. Ceci m'aurait fait bondir s'il s'était agi d'un auteur pour lequel j'éprouve de l'estime. Mais dans ce cas, j'ai tout simplement pensé « C'est bien fait pour ce bon Prosper qui ne méritait vraiment pas que son oeuvre soit valorisée par une langue qu'il a lui-même dévalorisée. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Jeu 1 Sep 2016 - 1:17 | |
| - Citation :
- Marc'heg an Avel a écrit :
En tant que Breton, Ernest RENAN avait du recul vis à vis de cela, puisqu'il dit, pour lui aussi :
"Un Celte, mêlé de Gascon, mâtiné de Lapon. Une telle formule devrait, je crois, représenter, d'après les théories des anthropologistes, le comble du crétinisme et de l'imbécilité". Bien que je n'apprécie pas beaucoup Ernest Renan, je me garderais bien de le mettre dans le même sac que les "grands écrivains" qui traînent la Bretagne et les Bretons dans la boue, chose que Renan ne fait jamais. C'était en fait un excellent bretonnant, selon Jarl Priel qui rapporte dans ses mémoirers (VA ZAMMIG BUHEZ) les paroles de son père qui disait à son sujet : « Daoust ha m'am boa kas ouzh Renan, biskoazh brezhoneger n'am eus klevet e-tailh da gaozeal ha da farsal ken dudius hag eñ, ha bete vitam aeternam e vijen chomet gant ma genou bras ouzh e selaou. » Ceci n'empêche pas Renan d'enterrer la langue bretonne avant l'heure en écrivant, à une époque où elle était encore bien vivante : « Un idiome a toujours assez vécu quand il a été assez aimé et que de bonnes études philologiques ont fixé son image pour la science, comme un fait désormais indestructible dans l’histoire de l’humanité ». Je vois une certaine imbécilité dans de tels propos car à ce compte on pourrait éliminer presque toutes les langues parlées dans le monde et les remplacer par l'espéranto ou autres langues du même genre qui ont le mérite indéniable de ne pas être aimées par les philologues qui se passionnent pour l'évolution naturelle des langues au cours des siècles et n'ont sans doute guère envie de fixer pour la science l'image d'une langue artificielle fabriquée de toutes pièces par un seul individu. Je pardonne cependant les propos tenus par Renan car il les complète en écrivant dans la préface d'un recueil de poèmes : chantez harmonieusement dans notre antique dialecte celtique, pour qu’un jour on dise de lui : II disparut selon la loi de toute chose ; mais comme il eut de doux accents avant de mourir ! » D'autre part, je ne vois pas en quoi Ernest Renan prend du recul vis-à-vis de la Bretagne. En parlant d'un « Celte mêlé de Gascon » il fait tout simplement allusion aux origines de sa mère qui n'était qu'à moitié bretonne puisqu'une partie de sa famille était originaire de Bordeaux. Il énonce par conséquent une vérité qui n'a rien de honteux et qui ne remet pas en question les origines bretonnes qui lui viennent de son père et de l'autre partie de sa famille maternelle. |
| | | Jeannotin
Nombre de messages : 154 Age : 30 Localisation : Cléden-Poher Date d'inscription : 29/07/2014
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Sam 3 Sep 2016 - 12:48 | |
| - MenezBre a écrit:
- « Croiriez-vous que j'ai fait 400 lieues en Bretagne sans déboutonner ma braguette.
Impossible de toucher sans pincettes les personnes du sexe de Brest, Morlaix, Saint-Brieux [sic], Rennes, Vannes, Quimper. » Phrase drôlissime. Mérimée précise ensuite qu'à Nantes il a enfin fini par trouver à se soulager. Une preuve supplémentaire du faible caractère breton de cette cité ? - MenezBre a écrit:
- Devant de telles horreurs, je me suis permis de profiter de votre fil pour attirer
l'attention sur le fait que seule la littérature française donne une image aussi navrante de la Bretagne et des Bretons traînés dans la boue par de "grands écrivains" qui ne méritent pas qu'on leur fasse l'honneur de traduire leurs oeuvres en breton. Ce qu'écrivent ces auteurs choque dans une société contemporaine où l'on exige que chacun s'exprime avec une médiocrité polie et supposément respectueuse des autres ; où de petits bourgeois incapables de briller n'ont d'autre moyen de se faire valoir que de se forger une posture de victime. Aussi outranciers soient ces écrits, ils prouvent qu'au XIXème siècle la Bretagne était un pays fortement original, étranger à qui venait de Paris. Ça me fait moins mal de lire ça que d'entendre mes amis parisiens dire que la Bretagne n'a plus rien de particulier et que les gens y sont les mêmes qu'ailleurs en France. Quant à la langue bretonne, qui lui fait le plus de mal ? Ceux qu'elle effrayait du temps qu'elle était parlée partout et avec vigueur ? Ou bien l'Emsaw officiel, incapable de la relever et qui lui substitue l'ersatz dépourvu de toute beauté enseigné dans les écoles, dont personne ne dirait "C'est une langue que celle-là", tant il a perdu tout caractère propre ? | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Dim 4 Sep 2016 - 1:07 | |
| C'est vrai que la Bretagne a bien changé ! A tel point que j'ai décidé de prendre du recul (chose que je n'aurais jamais cru envisageable autrefois) afin de retrouver l'image que j'en avais dans ma jeunesse et que j'évoque très volontiers sur mes vieux jours. Et cette image, qui s'effritait déjà petit à petit à chaque fois que je me voyais confrontée avec la Bretagne d'aujourd'hui, en a pris un sacré coup lors de mon dernier séjour. Voici en effet ce qui m'est arrivé.
J'étais allée rendre visite à une très vieille dame, bretonnante de naissance dont les parents parlaient uniquement breton et qui elle-même n'avait pas parlé un seul mot de français avant l'âge de 7 ans. Eh oui ! il existe encore quelques-uns de ces rares spécimens, et pendant longtemps j'ai éprouvé beaucoup de plaisir à faire un brin de causette avec eux. Mais la dernière fois, je n'ai vraiment pas eu de chance. J'ai trouvé cette vieille dame assise sur un banc devant la maison de retraite, plongée dans une discussion animée - EN FRANÇAIS - avec une autre dame à peine plus jeune qu'elle. Et moi de lui dire «'hanta, Ann-Vaï gaezh, kollet da vrezhoneg ganit !» Et elle de me répondre : «Ben, maint'nant, on parle plus breton, maint'nant c'est l'français qu'on parle, faut bien aller avec son temps». Et l'autre vieille dame d'ajouter : «Moi, l'breton, j'lai jamais parlé.». «Fidamdoulle,» 'm eus soñjet, «setu ar brezhoneg skarzhet bremañ deus ti ar re gozh !» J'ai alors pris le chemin du retour avec la mort dans l'âme et une illusion en moins alors que je n'en avais déjà plus beaucoup. Et en sortant du bourg, devant les panneaux bilingues qui semblaient se moquer de moi et de mes illusions perdues, j'ai éprouvé une très grande nostalgie du bon vieux temps où ils n'existaient pas encore, car à cette époque, à défaut de voir des noms bretons (souvent approximatifs) étalés sur des panneaux comme des inscriptions sur une tombe, on entendait le breton retentir d'un bout à l'autre des campagnes et des bourgs. Depuis je ne peux plus supporter ces panneaux bilingues dont les millitants sont si fiers.
Tout comme ils sont fiers de leurs inventions linguistiques. J'admets qu'ils soit nécessaire de créer des mots nouveaux pour désigner des choses qui n'existaient pas autrefois. Mais pourquoi dire, par exemple, "kemeret 'm eus un diviz", ou pire encore "un disentez", mot inconnu des vieux bretonnants, alors qu'il serait pourtant facile de prendre exemple sur eux en disant "divizet 'meus" ou "graet 'm eus ma soñj" ou encore "graet 'm eus ma mennozh". Et pourquoi dire "keuz" au lieu de "fourmaj", "kravez" au lieu de "relijion" ? Pour comble de tout, ils ne se rendent même pas compte que tout en cherchant à défranciser le vocabulaire ils francisent en même temps la syntaxe du breton par l'emploi de prépositions inappropriées. Combien de fois ai-je lu des choses de ce genre, calquées sur le français :
- *kemer un dra en e c'hodell - en armel (e-lec'h tennañ EUS e c'hodell - EUS an armel) - *kemer war an daol (e-lec'h DIWAR an daol) - *debriñ en un asied (e-lec'h DIWAR un asied) - *evañ en ur werenn (e-lec'h EUS ur werenn).
Ceux qui n'ont pas eu comme moi la chance d'entendre de vieux bretonnants utiliser les prépositions qui conviennent peuvent trouver la confirmation de ce que je dis dans le corpus de Jules Gros où l'on peut lire, par exemple :
- An daou-mañ a zo o tebriñ EUS ar memes skudell. - DIWAR ma dorn e tebr. - Me am boa kerc'het ur bern delioù EUS ar c'hoad (ha neket er c'hoad comme disent et écrivent beaucoup aujourd'hui).
Comme vous, j'ai beaucoup de peine quand je vois massacrer la langue bretonne qui était autrefois la principale particularité de la Bretagne et je conçois très bien qu'elle ait pu susciter, chez ceux auxquels elle était inaccessible, une certaine aigreur plus facile à supporter que ce qu'on voit aujourd'hui. Mais pour ce qui est de la saleté, était-elle vraiment une particularité de la Bretagne ? Je me permets d'en douter, car à une époque où il fallait faire de longues marches pour aller chercher de l'eau à la fontaine, où on lavait le linge, été comme hiver dans des lavoirs exposés aux intempéries, où on ne connaissait pas les dangers qu'il y avait à mettre le tas de fumier tout près d'un puits ou même juste en face de la maison, les habitants des autres régions rurales n'étaient sans doute pas beaucoup plus propres que les Bretons. Alors pourquoi s'acharner sur la Bretagne et faire de la saleté une de ses particularités ?
Oh ! J'ai écrit beaucoup plus que je n'en avais l'intention. J'espère que mon post ne sera pas effacé pour avoir dépassé les limites ! |
| | | jeje Major; Mestr; Maestro
Nombre de messages : 3489 Localisation : Naoned Date d'inscription : 25/10/2008
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Dim 4 Sep 2016 - 7:40 | |
| Je partage la quasi totalité de ce que vous écrivez, avec plus de distanciation cependant, car je n'ai pas été baigné, à Nantes et en pays gallo, dans ce qui fut la principale particularité de la Bretagne, considérée d'ailleurs par beaucoup de bretons comme leur bien commun: sa langue. Plus de distanciation, car ma bretonnité est d'abord nantaise, et pas de Cléden-Poher. Hè oui, la bretonnité (ou si l'on veut les ressentis de bretonnitude) est plurielle. | |
| | | Marc'heg an Avel Admin
Nombre de messages : 7733 Age : 77 Localisation : Lannuon / Lannion. Breizh Izel Date d'inscription : 27/03/2007
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Dim 4 Sep 2016 - 10:13 | |
| Bonjour, Pas de souci pour les messages dont le but est de partager la Connaissance et le ressenti, quand il n'est pas empreint d'intolérance et/ou agressivité vis à vis des interlocuteurs. Pour le ressenti exprimé, c'est également le mien, génération oblige. C'est pourquoi je me suis attelé, bien que non croyant et a fortiori non pratiquant, à passer des libellés en breton trouvés dans les églises. Les bannières, et le chemin de croix de Rospez, en sont des exemples éloquents, à mon avis, puisqu'ils tendent à rapporter la façon parlée de leur époque, même avec adaptations et des variantes Pour ce qui concerne la crasse des campagnes, voir déjà Fréminville parlant de Carhaix ! Pas d'cadeaux pour l'hygiène ! Mais cette vision crasseuse de la campagne n'est pas réservée à la Bretagne. Toutes les campagnes y ont droit, en Bretagne, en France, en Europe, et ailleurs... et même les quartiers pauvres des grandes villes. JCE _________________ "Ne te borne pas seulement à respirer avec l'air qui t'environne, mais à penser désormais avec l'intelligence qui environne tout. La force intelligente, en effet, n'est pas moins répandue partout, et ne s'insinue pas moins, en tout être capable de s'en pénétrer, que l'air en tout être qui peut le respirer".
Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même. Livre VIII; verset LIV".
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| | | jeje Major; Mestr; Maestro
Nombre de messages : 3489 Localisation : Naoned Date d'inscription : 25/10/2008
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Dim 4 Sep 2016 - 11:04 | |
| Sur la crasse et la misère urbaine au 19e s., je me souviens avoir lu des textes d'Ange Guépin, médecin et très grande figure nantaise, natif de Pontivy, philanthrope et socialiste breton soutien de la Commune de Paris, trop peu connu à mon sens. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_Gu%C3%A9pin | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Mer 14 Sep 2016 - 15:09 | |
| Pour ramener ce fil à son sujet initial qui est La Bretagne dans les littératures, j'ai effectué quelques petites recherches, et voici ce que j'ai trouvé : Dans son récit Inferno, écrit en français alors qu'il séjournait à Paris, l'auteur suédois August Strindberg fait quelques allusions à la Bretagne. Au chapitre 13 il parle d'un papillon connu sous le nom de Sphinx tête de mort (Acherontia atropos) qui, en Bretagne, serait annonciateur de mort. Il parle aussi d'un sculpteur qui lui aurait dit avoir vu en Bretagne un bloc rocheux dans lequel étaient réunis Orphée et le Christ, et dont il avait l'intention de s'inspirer. Plus loin, il parle de pierres en forme de croix et à reflets dorés que les habitants des côtes de Bretagne vont ramasser après les tempêtes. J'ai découvert avec consternation que Heinrich Heine ne pensait pas non plus beaucoup de bien de la Bretagne dont il se dit déçu dans un récit intitulé Lutetia(chapitre XVIII). N'ayant pas pu trouver en Bretagne ce qu'il espérait y trouver et s'étant heurté à une langue qu'il ne comprenait pas, il se défoule lui aussi sur les Bretons. Dans un recueil de récits historiques (Historische Erzählungen), Karl May consacre un chapitre au corsaire Surcouf (chapitre 6 intitulé Der Kaperkapitän). Dans le onzième volume d'un ouvrage de Willibald Alexis intitulé Der neue Pitaval, le troisième chapitre est consacré au complot de Georges Cadoudal. Dans son récit intitulé Kaiser Max der letzte Ritter, Felix Salten parle des déboires de Maximilien d'Autriche et de son aigreur pour l'annulation de son mariage avec Anne de Bretagne qui lui a été soufflée (weggeschnappt[sic]) par le roi de France Charles VIII. Pauvre Max Joseph von Eichendorff et Adelbert von Chamisso ont tous deux consacré un poème à la Bretagne qu'ils ont tous deux intitulé Die Stille Gemeinde (ar barrez sioul). Dans son roman Der Zauberlehrling oder die Teufelsjäger (chapitre 3), Hanns Heinz Ewersévoque les chansons bretonnes «Lieder, die das Meer gebar, und die Einsamkeit - und die grosse Sehnsucht» (chansons nées de la mer, de la solitude et de la grande nostalgie» et il cite même, en français, le premier couplet de la Paimpolaise. Wilhelm Gottlieb Soldan, dans son Histoire des procès aux sorcières (Geschichte der Hexenprozesse - Tome II - Chapitre 9), parle des sorcières qui "aujourd'hui comme hier sont chez elles dans les villages bretons. Ceux qui désirent en savoir plus et savent lire l'allemand trouveront ces textes ici : http://gutenberg.spiegel.de/autory compris Inferno dont j'ai trouvé par hasard, en fouinant dans la littérature allemande, une traduction en allemand dont j'ai dû me contenter, faute de pouvoir trouver le texte original. Dans une nouvelle consacrée à Edouard III d'Angleterre, l'auteur italien Matteo Bandello évoque la guerre entre Charles de Blois et la contesse de Montfort «Si guerreggiava in quei tempi ne la Bertagna, tra Carlo di Blois che fatto s'era duca di Bertagna, e la contessa di Monteforte già stata duchessa del paese». Voir : https://it.wikisource.org/wiki/Novelle_%28Bandello,_1853,_III%29/Parte_II/Novella_XXXVIIEt dans la littérature moderne il existe aussi des romans dont l'action se passe en Bretagne : - En allemand : Schiffbruch und Glücksfall de Andrea Schacht, publié en 2012 - En italien : La fuga. Delitto in Bretagna de Gianluigi Schiavon, publié en 2015 - En anglais : His Fair Assassin de Robin LaFevers, une trilogie publiée aussi en 2015 mais qui raconte une très vieille histoire puisque le premier volume commence par ces mots : Brittany 1485. |
| | | PrincedeBarbin
Nombre de messages : 249 Age : 69 Localisation : An Henvoustoer - Hémonstoir Date d'inscription : 15/12/2008
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Ven 16 Sep 2016 - 6:37 | |
| Pour mémoire, le héros de ce que Cervantès qualifiait de meilleur livre du monde et qui suscitait l'enthousiasme de Mario Vargas Llosa, Tirant le Blanc, est Breton, et même Nantais, mar-plij.
Publié en 1490, écrit en catalan (valencien) par Joanot Martorell , et publié en 2003 en français aux éd. Anacharsis | |
| | | Jeannotin
Nombre de messages : 154 Age : 30 Localisation : Cléden-Poher Date d'inscription : 29/07/2014
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Lun 19 Sep 2016 - 13:01 | |
| - MenezBre a écrit:
- Et moi de lui dire «'hanta, Ann-Vaï gaezh, kollet da vrezhoneg ganit !»
Et elle de me répondre : «Ben, maint'nant, on parle plus breton, maint'nant c'est l'français qu'on parle, faut bien aller avec son temps». Et l'autre vieille dame d'ajouter : «Moi, l'breton, j'lai jamais parlé.». «Fidamdoulle,» 'm eus soñjet, «setu ar brezhoneg skarzhet bremañ deus ti ar re gozh !» J'ai alors pris le chemin du retour avec la mort dans l'âme et une illusion en moins alors que je n'en avais déjà plus beaucoup. Il ne faut pas se décourager comme cela. Il est normal qu'un bretonnant parle français avec quelqu'un qui ne parle pas le breton. Avec les bretonnants qui maîtrisent bien leur langue, je ne rencontre jamais de refus de parler. Surtout auprès de ceux avec qui j'ai l'habitude de parler. - Marc'heg an Avel a écrit:
- C'est pourquoi je me suis attelé, bien que non croyant et a fortiori non pratiquant, à passer des libellés en breton trouvés dans les églises. Les bannières, et le chemin de croix de Rospez, en sont des exemples éloquents, à mon avis, puisqu'ils tendent à rapporter la façon parlée de leur époque, même avec adaptations et des variantes
Ce n'est pas tellement utile. Ces textes sont quand même d'un intérêt assez limité pour la connaissance du breton local. Au mieux, on peut déterminer où passe l'isoglosse pedit/pedet. Il vaudrait mieux enregistrer les paroles des derniers bretonnants. Les bannières seront encore là dans 20 ans, eux non. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Lun 19 Sep 2016 - 16:46 | |
| Jeannotin a écrit : - Citation :
- Il ne faut pas se décourager comme cela. Il est normal qu'un bretonnant parle français avec quelqu'un qui ne parle pas le breton. Avec les bretonnants qui maîtrisent bien leur langue, je ne rencontre jamais de refus de parler. Surtout auprès de ceux avec qui j'ai l'habitude de parler.
Pour votre orientation, sachez que je parlais déjà breton avec cette vieille dame très longtemps avant que vous ne soyez vous-même de ce monde. Si vous avez plus de chance que moi avec vos interlocuteurs, c'est tant mieux pour vous, mais je ne pense pas que le mérite vous en revienne. Pour ce qui est de ne pas se décourager, je n'ai aucune leçon à recevoir à ce sujet. Bien que j'ai sagement renoncé à déranger les vieilles dames dans leurs conversations en français, je n'en continue pas moins à passer une bonne partie de mon temps à faire des traductions en breton, et rien ni personne ne pourra m'en décourager. |
| | | Marc'heg an Avel Admin
Nombre de messages : 7733 Age : 77 Localisation : Lannuon / Lannion. Breizh Izel Date d'inscription : 27/03/2007
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Jeu 22 Sep 2016 - 11:57 | |
| - Jeannotin a écrit:
Ce n'est pas tellement utile. Ces textes sont quand même d'un intérêt assez limité pour la connaissance du breton local. Au mieux, on peut déterminer où passe l'isoglosse pedit/pedet. Il vaudrait mieux enregistrer les paroles des derniers bretonnants. Les bannières seront encore là dans 20 ans, eux non. Mes relevés photographiques sur le bannières et vitraux, côté religieux, comme sur les monuments aux morts, côté laïc, se veulent avant tout être des témoignages et des preuves à opposer à tous les négationnistes de toute sorte. Je laisse le soin à d'autres, car ils ne manquent pas, d'enregistrer les derniers natifs bretonnants, s'il en reste encore. Beaucoup de bannières, moisies ou cassées, ne sont même plus en état d'être montrées. Ce sont là aussi des trésors perdus à tout jamais. Pour les panneaux écrits de saint Antoine, de Pommerit, la plupart de ceux qui étaient là, bretonnants courants, étaient surpris que je puisse leur en faire lecture directe, avec l'accentuation locale, puisque c'est quasiment du phonétique. Et ils comprenaient alors ce qu'ils ne savaient pas lire. Très récemment, l'archiviste de l'évêché de Saint-Brieuc m'a dit être très intéressé par le sujet. C'est déjà positif que celui qui croit et celui qui ne croit pas se comprennent sur la valeur et l'importance du respect du patrimoine. Cordialement JCE _________________ "Ne te borne pas seulement à respirer avec l'air qui t'environne, mais à penser désormais avec l'intelligence qui environne tout. La force intelligente, en effet, n'est pas moins répandue partout, et ne s'insinue pas moins, en tout être capable de s'en pénétrer, que l'air en tout être qui peut le respirer".
Marc-Aurèle. Pensées pour moi-même. Livre VIII; verset LIV".
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| | | Jeannotin
Nombre de messages : 154 Age : 30 Localisation : Cléden-Poher Date d'inscription : 29/07/2014
| Sujet: Re: La Bretagne dans les littératures Ven 23 Sep 2016 - 13:08 | |
| - Marc'heg an Avel a écrit:
- Je laisse le soin à d'autres, car ils ne manquent pas, d'enregistrer les derniers natifs bretonnants, s'il en reste encore.
Si justement, il en manque, ils sont bien peu à faire ce travail crucial que nous sommes les derniers à pouvoir mener. Des locuteurs natifs, bien évidemment qu'il en reste encore beaucoup, mais au train où vont les choses, combien de parlers auront disparu dans 20 ans sans que le travail de préservation ait été effectué ? Les incertitudes et les approximations auxquelles nous autres, néo-locuteurs, sommes confrontés chaque fois que nous voulons traduire un mot ou une expression un peu compliqué montrent bien que le breton n'a pas été assez étudié. Le besoin de plus de collectage se fait cruellement sentir pour mieux connaître la langue de notre pays. | |
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