De la confusion permanente du paganisme et du non religieux

Bonjour à tous,

Le motif de ce fil m'est venu suite à un reportage du samedi 30 septembre 2017 sur France Bleu Breizh Izel, concernant les travaux d'un photographe sur un 'pardon' d'une ile bretonne :

"On est passé du paganisme au religieux"

Ce propos reflète effectivement l'idée qu'ont les chrétiens, catholiques en particulier, de la vision prétendument oecuménique de leur religion, vis à vis des traditions païennes.

Car, contrairement à ce postulat erroné, le paganisme n'était pas non déiste et non religieux, ni anti déiste ni anti religieux.

C'est même exactement le contraire, aussi bien à l'Antiquité qu'à nos jours.

Les Païens étaient (et sont) tellement religieux qu'ils vénèr(ai)ent un nombre infini de dieux, et pas un seul.

Ils étaient (et sont toujours) aussi largement religieux que n'importe quel chrétien catholique d'aujourd'hui.

Ce que le catholicisme a réussi à faire, c'est de passer le paganisme (culte des dieux nationaux) en inculture, en superstition, en sauvagerie, voir en barbarie, tout en intégrant, par voie de syncrétisme, près de 90% du paganisme lui-même.

Que signifie donc le fait qu'un prêtre bénisse un feu sacré, sinon de consacrer et de christianiser un principe purement païen lui-même ?

JCE

On trouvera peut-être une réponse dans l'opportunisme de Firmicus Maternus, auteur d'un ouvrage intitulé : L'erreur des religions païennes (profanes) :

http://www.etudes-augustiniennes.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/AUGUST_2001_47_63.pdf

... passant d'une religion à l'autre, par le reniement de la première et l'exaltation de la suivante, comme argument d'une progression positive inéluctable.

Un peu le prototype de Saint-Augustin, en quelle que sorte.

Après tout, les paroles de Saint-Rémy au baptême de Clovis sont éloquentes, en continuité des précédents : "Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé"

JCE

On trouve souvent aussi dans les mots croisés et/ou mots fléchés des mots donnés comme synonymes de païen :

- Athée = sans dieu, : ce qui est un contresens absolu, puis que les païens croient en des dizaines (voire des centaines) de dieux

- Mécréant = mauvais croyant, ce qui ne veut pas dire non croyant, ni païen, mais croyant en un (ou des) mauvais dieu (x)

De toute façon, le titre même L'erreur des religions païennes reconnait implicitement que le paganisme est religion.

JCE