Les orthographes
peurunvan et
skolveurig transcrivent
daou le mot breton
dow "deux". Cette dernière orthographe a été proposée par Albert Deshayes dans son dictionnaire étymologique.
Elle est plus conforme à l'histoire de la langue : l'ancien breton notait
dou et Jehan Lagadec écrivait encore ainsi dans son
Catholicon (1499), le tout premier dictionnaire de la langue bretonne. Ces attestations montrent que la prononciation [ow] est la plus ancienne, mais cette prononciation est également de très loin majoritaire dans le domaine bretonnant. L'
ALBB montre que la prononciation [daw] n'est que très sporadiquement attestée, par exemple dans les îles d'Ouessant, Molène et Sein. L'orthographe
dow permet non seulement de renouer avec un passé brillant, mais est également d'être plus en phase avec la langue contemporaine.
La forme
daou pose de graves problème pédagogiques. Elle impose aux apprenants une prononciation étrangère à l'immense majorité des bretonnants et empêche ainsi le rétablissement d'une transmission naturelle de la langue. Il est également assez lourd de noter une diphtongue par trois caractères ; depuis sa restauration par Frédéric Mistral, le provençal s'est débarrassé de l'inélégant
caouso "chose", né de l'influence française, pour revenir à
causo. La graphie <aou> suggère même qu'on a, non pas une diphtongue, mais deux voyelles en hiatus. Beaucoup de néo-locuteurs prononcent ainsi, au lieu de [daw] qui existe, bien que minoritaire, [dau], qui n'existe nulle part.
Ainsi, renoncer à la graphie <aou> dans tous les mots qui la contiennent, si ce n'est pour transcrire un dialecte local, et la remplacer par <ow> permet de restaurer une langue bretonne en lien avec son passé et son patrimoine oral et tournée vers un enseignement de qualité.