Une page au hasard, adaptée par mes soins au plus près du texte, extraite du Voyage de saint Brandan, poème d'environ 2000 octosyllabes rédigé en anglo-normand par Benedeit (Benoît) vers 1110.
D'après l'édition par Ian Short et Brian Merrilees dans la collection
bibliothèque médiévale 10/18, 1984.
p. 44
371
Or ont vus les Dieu-servants (serviteurs de Dieu)
Que ils irent (allaient, irant) par Dieu-commande (sur l'ordre de Dieu)
Et ont prouvé tout à [soüt?]
Par miracles que ont vu.
375
Et bien voient que Dieu les paie: (ils voient bien que Dieu les récompense, les nourrit)
De louer Dieu nul ne se tait.
Cinglent au vent, vont s'en adés (aller, partir de).
Le conduit (l'accompagnement) de Dieu moult leur est près (proche).
Courent par mer grand' part (partie) de l'an
Et merveilles trestrent (?) ahan (beaucoup ils ont de fatigue?)
Terre voient à leur espoir (comme ils l'espéraient, l'attendaient),
Comme de plus loin leur peut paraître (au plus loin à l'horizon visible?).
383
Drechent (dirigent) leur
nef icelle part (vers cette partie - de l'horizon),
Et n'y a nul de
nager (de ramer) se tart (s'attarde, rechigne à ramer).
Lâchent cordes ("larguent les cordages"),
mettent voile jus (à bas);
Arrivèrent ("à-river", aborder, accoster) et saillent (sautent) sus (sur - terre).
Voient brebis à grand' foison,
A chacune blanche toison.
Toutes irent (étaient, erant) itant (autant) grandes
Comme sont les cerfs par ces landes.
Dit leur l'abbé (l'abbé leur dit): Seigneurs (Messieurs), d'ici
Ne nous mouveront (bougeront) devant (avant) terz (3) di (jours).
Jeudi est (aujourd'h)ui de la Cène (Jeudi Saint),
Comme (quand) le Fils-Dieu souffrit peine;
Il nous est doux et preste (?) ami
Qui prestement nous a tramis (donné, transmis?)
Dont (ce dont) pouvons la fête faite (faire la fête!).
398
Pensez de
la nef sus traire (à tirer, trahere, sur la nef, à mettre à sec le bateau, échouer)!
De icez (ces) brebis, une prenez,
Au di (jour) pascal (à Pâques) la cunrëez (vous la préparerez, br. aozañ).
401
A Dieu congé (permission) de ça ruvum (demandons, rogare),
Autre quant nous (quantë-nous, avec nous) or (puisque) n'y trouvons.
(puisque nous ne trouvons ici personne en dehors de nous)
Corrections, précisions, commentaires et améliorations bienvenues.
Le texte en anglo-normand établi par Ian Short principalement à partir du manuscrit (daté de vers 1200) Cotton Vesparien B.X. de la British Library de Londres (il existent 6 manuscrits) est lisible ici:
http://saintbrendan.d-t-x.com/ipad/pages/integrale14.htmlUn PDF:
http://saintbrendan.d-t-x.com/Brendan.pdf