Je reprends une info du Bretagne Magazine de Juillet-Août-Septembre 2011, dans les repères chronologiques donnés en page 6 :
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370-400. Rome fait appel à des Bretons (de Grande-Bretagne) pour défendre le littoral de la Gaule menacée".
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Cette approche remonte aux années 1970, et plus précisément aux travaux publiés par Léon Fleuriot dans
Origines de la Bretagne.
C'est effectivement plus flatteur que ce qui se disait seulement auparavant, à savoir que
les Bretons s'étaient réfugiés en Gaule fuyant les invasions anglo-saxonnes, même si cela est vrai en partie à partir des années fin de Vè et début de VIè siècles.
Mais, quitte à froisser la sensibilité chatouilleuse de mes compatriotes, je pense qu'il faut tout de même apporter quelques modérations à cette nouvelle prétention reprise par Bretagne Magazine.
En effet, en 370, ce n'étaient pas les Bretons qui étaient en mesure d'apporter aucune aide que ce fut à l'Empire, puisqu'ils étaient eux-mêmes, depuis 367, aux prises avec les raids des Pictes et des Scots, dont certains étaient même arrivés jusqu'à Londres, pillant et rançonnant tout sur leur passage.
Il a fallu envoyer de nombreux renforts en G. Bretagne pour y rétablir l'autorité impériale. Cette décision fut ordonnée par Valentinien I, et menée militairement par le comte espagnol Théodose l'
Ancien.
On sait, de façon plus ou moins précise, que Maxime, un officier supérieur d'origine espagnole, a continué pendant plusieurs années, à guerroyer contre les Pictes.
Son putch de 383, et son expédition au nord de la Gaule, n'a pas été faite, on pourrait s'en douter, à la demande de Gratien, l'empereur légitime, mais précisément pour renverser celui-ci. Et dans l'armée de Maxime, s'il y avait incontestablement des Bretons, il y avait probablement encore plus de légionnaires d'autres nationalités.
Ce dont on peut retirer plus objectivement que Maxime, maître des lieux en Gaules, vainqueur de Gratien, et reconnu
Auguste (= empereur) en 385, a jugé utile, avec son quartier général de Trèves, d'utiliser sur le continent certaines des unités bretonnes de son armée.
Il me semble que c'est là une nuance non négligeable, qui s'oppose au manichéisme des extrêmes.
JCE