Pour ouvrir la discussion:
Picquenard (Quimper), 1910 : « Le paysan breton qui souvent lit très bien dans sa langue maternelle, […] conserve, malgré tout les formes de mots, les prononciations locales…»
1834: cette année là décédait Jean Conan, cette année-là naissait Jean-Marie Déguignet.
Tous deux étaient Bretons bretonnant, tous deux écrivirent leurs mémoires.
C'est aussi à la fin du 20e siècle et en ce début du 21e siècle qu'on a redécouvert quasiment simultanément ces personnages historiques, ces grands témoins de l'histoire, et leurs écrits.
Tous deux voyagèrent, et fort loin, tous deux furent militaires. Le premier dans les armées de la grande Révolution, le second dans l'armée de Napoléon le neveu, de Napoléon le petit.
Le premier rédigea ses mémoires en breton, le second en français.
On peut dire du premier qu'il fit la Révolution française, du second qu'il en fut le fils.
Tous deux apprirent dans leur jeunesse à lire en breton et en latin. Déguignet n'était pas un analphabète et pas vraiment au départ un autodidacte: sa mère savait lire, elle lui apprit les rudiments de l'abécédaire et c'est à l'école de la paroisse qu'il apprit à lire. Quant à Jean Conan, c'est chez les moines de l'abbaye de Beauport près Paimpol qu'il apprit à lire.
Donc le rôle du clergé, dans les deux cas, fut primordial pour l'instruction de ces deux fils du peuple.
Quel rôle eurent les nombreuses écoles rurales, paroissiales, confessionnelles évidemment, du 18e siècle dans la formation de cette population, bretonne et d'ailleurs, qui soutint les idées révolutionnaires?
A contrario, quelle part la chasse par la Révolution à une grande partie du clergé, tuant dans l'oeuf les écoles rurales, eût-elle dans le retard de près d'un siècle que prit l'instruction généralisée de la population française?