Le parler du Pays de Retz est fréquemment revendiqué comme gallo par les défenseurs de cette variété d'oïl. Cependant l'appartenance de cette région à l'ancienne province de Bretagne ne doit pas amener à conclure trop vite sur son identité linguistique.
En effet, le parler du Pays de Retz connaît de nombreux traits morphologiques définitoires du poitevin :
- la terminaison troisième personne du pluriel est accentuée :
y parlont pour
ils parlent- pronom neutre
ou issu du latin
hoc- démonstratif
quou (ce),
quale (cette),
qués (ces) issu du bas-latin
*eccu hoc,
*eccu illa et
*eccu istos là où le français tire ces démonstratifs des formes
*ecce iste et consorts
- l'article contracté
dou pour
duLes traits qui semblent éloigner le parler du Pays de Retz du poitevin pour le rapprocher du gallo sont :
- soit de traits communs au gallo et au français :
je,
y (il) et
poumié (pommier) où le poitevin plus méridional préfère
y,
le et
poumé. Ces traits se retrouvent également en Saintonge.
- soit des traits qui n'existent que dans le gallo de la Loire-Atlantique et qui ne se retrouvent pas plus au nord : beau se dit
béou dans toute la Loire-Atlantique face au rest du domaine gallo qui dit
biaù et au reste du domaine poitevin qui dit
bia.
On peut juger par ces histoires patoisantes de la différence entre le gallo et le poitevin du Pays de Retz :
http://museepaysderetz.free.fr/patois.htmlIl est par ailleurs intéressant que la frontière linguistique que constitue l'estuaire de la Loire apparaisse de manière spectaculaire lorsque l'on considère l'architecture vernaculaire. Une vue de Saint-Viaud, au sud de la Loire, montre des toits plats couverts de tuiles romaines :
Cependant qu'à Guérande, au nord de la Loire, où le climat est sensiblement le même, les toits sont pentus et couverts d'ardoises :
Laissons à un local le soin de conclure sur ce chapitre :
- Citation :
- Quand jhe traveurse la Louère et que je ouais qués mésons totes couvartes d'ardouéses, avec des charpentes qui s'apointuchont quasiment queume des cllochers, jhe ouais beun que, là, jhe sons en Beurtagne. Mé quand jhe descends vers la Vendaïe, éyours que les mésons a sont totes pareuilles que chez nous ou Péyis de Retz, et pis que les bones jhens i parlont un patois qui ressemblle tot plin ou noutre, chez ieux jhe me trouve chez mail
(Quand je travers la Loire et que je vois ces maisons toutes couvertes d'ardoises, avec des toits qui se font quasiment aussi pointus que des clochers, je vois bien que, là, je suis en Bretagne. Mais quand je descends vers la Vendée, où les maisons sont en tout point pareilles à celle de chez nous au Pays de Retz, et puis que les bonnes gens parlent un patois qui ressemble totalement au nôtre, chez eux je me trouve chez moi. --Éloi Guitteny
Chroniques inédites d'un vieux Paydret--)