Chronologie de l'émigration bretonne sur le continent

Bonjour.

S'il est un sujet qui taraude beaucoup de Bretons, et d'autres aussi, c'est bien cette question : d'où viennent les Bretons, quand, comment, et pourquoi se sont-ils implantés sur le continent ?

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On peut déjà dire qu'il n'y a jamais eu de rupture entre les Celtes du continents et ceux des îles britanniques, depuis la plus haute antiquité, ni même dans l'intervalle entre la conquête des Gaules, de -58 à -52, par Jules César, et le début de la conquête de la G. Bretagne par Claude, en + 43.

Mais dès la fin de la conquête romaine, en +84, les Bretons ont été intégrés à l'empire romain, et confirmés comme citoyens, comme les autres, par l'Edit de Caracalla, à Milan, en +212.

Les Bretons, devenus Britto-romains, étaient partout chez eux dans le cadre de l'empire romain, que ce soit au niveau politique, économique, militaire, ou religieux.

Ils ont même participé politiquement à plusieurs proclamations, dont la première, celle d'Albinus, à la fin du IIè siècle, celle de Carausius, à la fin du IIIè siècle, celle de Constantin le Grand, au début du IVè puis celle de Maxime, en 383.

En 270, on a ainsi le témoignage que des Bretons ont participé à la reconstruction d'Autun, détruite apparemment par une grosse révolte de Bagaudes.

Maxime en a implanté une partie, avec attribution de territoires, sur les côtes de la Manche, dès 385. Ils y ont été maintenus, par Thédose, dans le cadre du Tractus armoricani et nervicani.

Puis une autre vague d'implantation s'est déroulée à partir du milieu du Vè siècle, provoquée probablement par les guerres civiles entamées en G. B, avec intervention de puissances étrangères.

A la fin de ce siècle, ils étaient déjà assez nombreux à l'extrême ouest armoricain pour que les autorités romaines leurs attribuent des diocèses spécifiques, établis sur les cités des Ossismes et des Curiosolites.

Les divergences qui se sont créées par la suite avec les rois Francs ont provoqué des guerres entre Britto-romains d'Armorique et les rois Francs.
Vannes a été le théâtre de prises et de reprises successives.

Puis Rennes et Nantes ont été acquises par les Bretons sous Erispoé, en 851.

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A compléter.

JCE

hopala la presqu'île guérandaise a été bretonnisée bien avant !
7eme siecle ? avant ?

Non seulement la presqu'île de Guérande, mais même un grand tiers nord-ouest de l'évêché de Nantes !

Lire à ce sujet Erwann VALLERIE, le chapitre spécialement dédié au Pays Nantais dans son ouvrage Communes bretonnes et paroisses d'Armorique.

Il est d'ailleurs difficile de définir le schéma de la pénétration du fait linguistique breton en ces lieux : ce n'est dû ni à la christianisation qui était déjà établie de longue date par les Gallo-Romains (d'où une seule paroisse en Plou, Plessé), ni à la domination politique bretonne qui n'adviendra qu'en 851.

Le breton semble avoir progressé avant le VIIIe siècle jusqu'à L'Erdre et aux portes de Nantes, en plein territoire franc, comme par magie. Les textes (Grégoire de Tours, fin du VIe siècle) ne parlent ni d'invasion ni d'importants mouvements de population, mais de simples razzias bretonnes dans le Nantais, par définition épisodiques*...

Au risque de me répéter et d'être peu entendu, tout ceci représente une vaste zone d'ombre dans l'explication de la genèse de la Bretagne.

*et ces mêmes textes parlent de la langue gauloise encore employée dans les campagnes tourangelles.

Salut Ar Barzh,

Il me semble que tu as donné la réponse :

les calques civiques, politiques, religieux, et linguistiques sont différents.

Et l'erreur que l'on commet, quasiment systématiquement, c'est de les confondre en un seul.

JCE

Salut Jean-Claude,

Tout cela démontre qu'il a existé des zones différentes dans l'ensemble que nous appelons "Bretagne", y compris dans l'ensemble que nous appellons "Bretagne primitive", délimité par les zones où une empreinte bretonne ancienne est tangible. Cette dernière dépasse la limite des sept évêchés au sud-est, contre toute attente.

Il ressort surtout de ces observations que l'axiome sous-tendu dans ce débat Emigration = propagation de la langue bretonne est simpliste, pour ne pas dire irrecevable. Et cela pose beaucoup de questions.

Pour le Pays Nantais, il manque l'élément (sauf attestation contraire) qui pourrait tout expliquer : un afflux massif de populations bretonnantes civiles entre les Ve et VIIe siècles, pénétrant ce territoire dans une bande large de 80 kilomètres (distance de Piriac-sur-Mer à Nort-sur-Erdre). Aucune chronique, aucun auteur, n'a relaté de tels événements.

Une hypothèse pourrait être la minimisation de ces faits par Grégoire de Tours, qui aurait maquillé en de simples incursions des mouvements très importants en provenance du vannetais. Cependant l'archéologie devrait nous en fournir des indices.

Ce n'est qu'en 851, avec la création de l'évêché temporaire de Guérande, que fut constatée de fait une réalité humaine bien établie sur une vaste partie de ce territoire, "... a flumine Heredae usque ad Vicemoniam et Semenonem", soit de l'Erdre jusqu'à la Vilaine et au Semnon (Chronique de Nantes). En fait la prise de Nantes par les Bretons permit de prendre en compte une réalité antérieure.

L'apparition au IXe siècle à Guérande du culte de Saint-Aubin (né à Languidic), est trop tardive pour être significative. Reste donc ce bon vieux Warok et ses militaires pour expliquer le "succès" de la langue bretonne jusqu'à l'Erdre. Cela me semble très maigre.

Voici les réponses que je peux apporter à tes questions sur l'immigration, concernant la zone située au sud de la Vilaine.

Je conseille à tous de vous procurer le dernier numéro des Cahiers de l'Histoire antique et médiévale de Bretagne qui vient de sortir. En particulier la publication de cette incroyable découverte dans une amphore provenant de la célèbre épave du navire breton du très haut moyen-âge d'une liste de ce qui semble bien être celle des passagers qui auraient été transportés de Grande B. en Bretagne par un certain Uuormonnoc. Selon le Dr Jürgen, il est avéré qu'a existé une famille de passeurs dont ce nom est le thème dans les environs de "Castellum Legionensis".
Autres articles intéressants dans ce numéro:
- la pierre gravée en ancien breton d'Amiens.
- les sauniers namnètes chez les Arvernes.
Etc...

Ou peut-on se le procurer?, tu as une adresse?

Je crains que ce ne soit une bonne blagounette, rapport à la date d'aujourd'hui !

Moi aussi je me suis fait avoir dans un premier temps...

Sacré Waoñ Du !

ok

Pour ma part, c'est quand j'ai vu que le nom Uuormonnoc était en fait Gourvennec, que j'ai eu un doute ! (j'essaie souvent de deviner quel peut-être l'équivalent en breton actuel d'un nom ancien ou bien gallois)

Bien vu les gars, cette revue ne se trouve en effet que chez le poissonnier et encore pas pour faire de l'emballage.

Bravo en tous cas : j'ai tout adoré, mais le coup des sauniers namnètes m'a fait hurler de rire !